Le grand bleu du lac Inle
20 novembre 2013, nous quittons Bagan et ses temples pour Kalaw, ville située non loin du célèbre lac Inle.
Après environ 8 heures de bus sur des routes un peu fatiguées et montagneuses (qui feront vomir à maintes reprises une locale assise juste à coté de Romain) nous arrivons vers 15 heures dans cette ville qui ne présente, en soi, qu’un intérêt très limité :
Nous nous installons à Golden Lily Guesthouse pour la nuit. Pour 7 $ la chambre nous avons un confort plutôt sommaire mais nous n’y passons qu’une nuit. Le but de notre visite ici est d’organiser un trek de 2 jours pour rejoindre le lac Inle.
Nous partirons dès le lendemain pour une randonnée de 2 jours avec 4 autres personnes (dont un couple franco-belge). Ayant eu la flemme de trop chercher nous partons avec notre auberge qui organise également des tours. Ça nous coûte 36 000 Kyats chacun soit environ 27 EUR/personne pour 2 jours.
Le reste de l’après midi est consacré à une recherche plus ou moins désespérée pour essayer de trouver une connexion à Internet qui marche et alors que nous arpentions une rue nous tombons sur notre voyageur improbable !
En effet, Axel, est un voyageur argentin que nous croisons ici pour la 5ème fois ! En nous voyant il nous saute carrément dans les bras et n’en revient pas, lui non plus, de cette rencontre une nouvelle fois improbable dans une petite rue d’une petite ville perdue au milieu de la Birmanie. Nous l’avions vu 4 fois auparavant mais jamais plus de 15 minutes à chaque fois, du coup nous en profitons pour immortaliser l’instant et manger une sorte de pancake local :
Pour la petite histoire nous l’avions croisé à Oulan Bator en juin dernier quand nous recherchions des gens pour un tour. Nous l’avions revu quelques jours plus tard au milieu du désert de Gobi puis l’avions croisé dans une rue de Pékin mi-juillet. Notre dernière rencontre datait de mi-août devant le McDo de la gare de Suzhou, en Chine. Du coup nous bavardons un peu plus longtemps en promettant de se recroiser bientôt !
Jeudi 21 novembre, debout à 7h30 pour s’enfiler le petit-dej avant de monter dans le taxi groupé, avec nos 4 compagnons d’aventure et notre guide, qui nous emmène à une heure de là pour le début du trek. En général les gens font 3 jours et commencent directement à Kalaw mais comme nous n’avons pas assez de temps nous esquivons la première journée de marche par un peu de taxi.
Le temps sera nuageux toute la journée avec même une énorme averse le temps du déjeuner, nous ne sommes plus habitués a voir de la pluie ! De plus les paysages nous font penser à ce qu’on pourrait trouver par chez nous. Pour le dépaysement il faudra repasser…
Heureusement nous visitons des petits villages « à touristes » qui nous font cette fois-ci oublier l’Europe.
Le guide nous a annoncé 22 kilomètres de marche pour la journée mais après 2 heures de marche nous en avons déjà fait 15 ! De vrais Usain Bolt que nous sommes ! Nous comprenons rapidement que la notion de temps et d’espace lui est très incertaine, nous rigolerons pas mal à ce sujet sur le reste du trek.
« Notre guide : aujourd’hui beaucoup de marche !
L’Américain du groupe : au moins 50 kilomètres, hein ? »
Le rythme n’étant pas très soutenu et le niveau pas bien difficile c’est plus une randonnée du dimanche qu’autre chose. En tout cas il y en a qui sont en cours :
Enfin à l’école à minima, le prof n’étant pas là, ça joue au foot.
Nous continuons notre randonnée à travers de petites collines en croisant plusieurs villages où les habitants vaquent à leurs occupations habituelles.
Mais attention à ne pas se laisser distraire par les touristes !
Lui, il attend juste d’être plus gros pour passer à la casserole :
Jez et Benoit, belge en vacances pour 15 jours en Birmanie avec sa compagne française, Stéphanie.
Les hommes du village s’activent à moissonner le blé… on est loin, très loin, de la France et des moissonneuses-batteuses ultra modernes que l’on trouve chez nous maintenant :
Certains se donnent corps et âmes pour cette tâche :
Une petite vidéo illustre la scène :
Un chiot birman qui a pris la pluie ça ressemble à ça :
L’après midi nous poursuivons notre ballade dans la bonne humeur, seul l’américain peut nous inquiéter. Keith, de son prénom, ne supporte pas les plats végétariens (ce que nous avons eu à midi), il lui faut absolument de la viande, beaucoup de viande même ! Natif du Colorado, c’est un vrai cow-boy, monsieur à besoin de gros steaks de bœuf pour assurer sa survie… ça s’annonce compliqué pour lui mais ça nous permet de bien se marrer à son dépend.
Les hommes pensent à nettoyer leurs motos pour frimer :
tandis que les femmes sont au champ à courber l’échine :
Le soir nous dormons dans un monastère. Le confort est très sommaire mais on commence à s’habituer. Un matelas un peu dur sur un sol en bois et un éclairage aux bougies ainsi qu’une « salle de bains » constituée d’un simple bac d’eau froide suffisent à notre bonheur… ou pas !
La cuisine est plutôt bonne :
Et miracle il y a un peu de poulet, ouf, nous sommes sauvés, on a failli perdre notre ami américain !
Le lendemain nous attaquons la deuxième journée de marche aux aurores. Il fait beau, nous allons prendre quelques couleurs.
Nous marchons de bon rythme toute la matinée pour atteindre le lac à midi. Le programme prévoit ensuite une heure de bateau pour aller au village situé sur la rive nord du lac, où loge la majorité des touristes. Nous remontons un bras du lac avant d’arriver sur cette immense étendue d’eau d’un bleu éclatant.
En route mauvaise troupe !
Les eaux aux abords du lac sont jaunes puis se transforment ensuite.
Le lac Inle est situé à 884 mètres d’altitude et est entouré de montagnes. D’une superficie d’environ 12 000 hectares, il n’est pas très profond (maximum 4 mètres), ça nous change du Baikal qui dépassait les 1 kilomètre de profondeur. C’est un espace d’activité intense pour le tourisme, la pêche et la fabrication de divers produits sur les rives du lac. Malheureusement tout ce petit monde amène de la pollution et différents problèmes qui ne sont pas prêts de se résoudre…
Nous traversons une partie du lac pour rejoindre la ville de Nyaung Shwe, c’est l’occasion d’observer la vie sur le lac et les pêcheurs.
Notre « trek » s’arrête ici, c’est un peu cher pour ce qu’on a payé mais la ballade en bateau vaut le coup. Les paysages sont aussi plus différents le deuxième jour et c’est toujours sympa de passer dans des petits villages pour voir les locaux, même si il s’agit de villages « à touristes ».
Nous passerons le reste de l’après midi à chercher un hôtel, tout est complet, et à organiser un tour en bateau pour le lendemain. Le hasard faisant bien les choses nous croisons un allemand qui voyage avec notre ami « l’argentin » Axel, il nous emmène à lui et décidons tous ensemble de partager un bateau pour une ballade à la journée. Nous serons donc 5, nous deux, notre pote l’argentin, un allemand qui voyage depuis 15 mois et un néerlandais un peu excentrique très sympa. Le bateau coûte 18 000 Kyats soit 13 EUR, le prix est à diviser par 5 pour avoir le coût par personne.
Samedi 23 novembre nous passerons la journée sur le bateau et sous un soleil de plomb. Tout commence d’abord par un bon petit-déjeuner inclus dans le prix (comme très souvent dans les hôtels en Birmanie) :
Chemise longue et crème solaire de rigueur car ça tape !
Le programme est prévu pour durer environ 7 heures avec ballade sur le lac, visite de manufactures, temples,… et c’est vraiment une bonne idée que de faire un tour comme celui-ci à la journée. Le lac Inle est magnifique.
Vidéo montrant la pêche sur le lac :
Notre chauffeur nous arrête sur un site touristique, nous visitons un peu puis repartons vers un autre point d’intérêt. Bien sûr c’est très touristique, nous nous arrêtons dans des échoppes qui cherchent à nous vendre soit du tissu, soit des cigares (et notre chauffeur touchera une commission pour nous avoir amené là), c’est le « jeu » mais la visite en bateau vaut vraiment le coup.
Visite du marché flottant :
Jez aime le bateau… tant qu’on ne tombe pas à l’eau :
Visite d’une manufacture de textiles :
Notre nouvel ami néerlandais est très amical, il attire aussi beaucoup l’attention du fait de son look pas très conventionnel :
Il voyage pour 6 semaines en Birmanie. Les maisons sur pilotis sont nombreuses dans le coin :
Nous enchaînons sur une visite d’une fabrique à cigares.
Puis nous retournons visiter In Dein, c’est le village par lequel nous sommes arrivés hier mais nos amis, qui n’ont pas fait le trek avec nous, ne le connaissent pas encore. L’occasion de re-manger un peu de stûpa.
Il fut un temps, les moines d’un monastère sur la rive du lac faisaient sauter les chats dans des cerceaux. Aujourd’hui il ne reste plus que de dangereux félins…
L’occasion de retrouver une marque que nous connaissons bien.
Nous sommes 4 sur les 5 membres du bateau à avoir un bus à prendre le soir même. Notre ballade s’achève donc là et nous remettons les gaz vers Nyaung Shwe. Sur le chemin du retour c’est notre dernière occasion d’admirer la technique fascinante de pêche des habitants du coin.
Nous partons dès le soir même vers Mandalay, pas de temps à perdre ! Mais alors qu’on devait venir nous chercher à notre hôtel vers 17 heures, à 18h30 il n’y a toujours personne. Le bus étant à 19 heures ça s’annonce tendu surtout que de notre hôtel à la station de bus il y en a pour 25 minutes. On nous dit de patienter, que tout est ok, puis quelqu’un vient nous chercher pour nous déposer un peu plus loin. Nous attendons à nouveau et montons finalement dans un minibus qui doit nous conduire à la station de bus. Arrivés là bas nous sommes les seuls à aller à Mandalay et pas de trace de notre bus. Nous remontons tous les deux dans le minibus pour s’élancer à la poursuite de notre bus, enfin on pensait…
Nous nous arrêtons finalement à un péage et les deux gars du minibus arrêtent les bus qui passent et demandent s’ils vont à Mandalay. Nous ne comprenons pas tout mais c’est clair que nous avons loupé notre bus et qu’ils cherchent à nous caser on ne sait trop où !
Ils nous disent de monter dans un bus, les sacs sont en soute, on allait s’asseoir mais nous devons ressortir car ce n’est pas la bonne direction ! Au deuxième bus ça sera bon… c’est un bus pas tout neuf mais nous espérons surtout que nous serons bien à Mandalay demain matin. Tout cela nous a bien fait rire, la nuit qui s’annonce, beaucoup moins.
Dimanche matin 24 novembre, nous nous réveillons au petit matin à la station de bus de Mandalay après une nuit un peu froide mais pas si catastrophique.
Après avoir trouvé l’hébergement chez E.T. Hotel (20 $ la chambre) nous passerons le reste de la journée sur le PC à mettre à jour le blog notamment. On bosse un petit peu :
Sinon le Thanaka ça ressemble à ça :
Ce morceau de bout de bois sert à recouvrir d’une sorte de poudre les joues des femmes (et même de certains hommes) birmanes.
Il ne nous reste donc plus que la journée du lundi pour visiter la ville avant de prendre l’avion mardi. Nous attaquons par le Palais Royal et son fort, immense carré encerclé d’eau en plein milieu de la ville. Aujourd’hui on ne visite que le Palais (qui a été reconstruit suite à un incendie) au centre du fort, soit une toute petite partie. Le reste abrite notamment des bâtiments militaires. L’extérieur du fort avec ses remparts de 9 mètres de haut et des douves de 75 mètres de large :
Les marques « occidentales » ont envahi la Birmanie :
Il faut s’acquitter d’une taxe de 12 $ pour visiter le Palais (qui donne également accès à quelques autres sites touristiques) et qui va directement dans la poche du gouvernement. Ça fait cher pour ce qu’il y a à voir et il est facile de ne pas la payer car nous ne sommes contrôlés que sur 3 sites de visite. En bons touristes nous avons payé mais la visite du Palais, reconstruit, n’est pas un indispensable :
Heureusement nous rattrapons ça en allant dans un restaurant qui fleur bon l’Amérique, on vous laisse deviner ce qu’on y mange…
Puis nous enchaînons sur quelques visites de pagodes, élément essentiel de la culture birmane.
Atumashi Kyaung :
Reconstruite elle aussi. Nous en profitons pour tenter l’exploration d’une zone un peu hasardeuse…
Avec un point de vue sur la colline de Mandalay
Nous visitons ensuite Shwe Kyaung, pagode tout en teck. Un petit panneau nous surprend :
On se demande bien quelle est la raison de ceci ?
Sinon la pagode est « basique » mais sympa :
Les toilettes sont un peu particuliers :
Mais lui, il s’en fout, n’est-ce pas ?
On se dirige ensuite vers un champ de stûpas, on dirait un garage à stûpas tellement il y en a.
Avec tout de même une pagode principale :
Bref tout ça fait beaucoup de pagodes et alors que nous nous dirigions vers la colline de Mandalay nous croisons notre ami le norvégien, Tor, rencontré à Bagan. Il voyage désormais en galante compagnie, ça change de deux barbus ! Nous négocions ensuite un taxi, qui nous fera changer d’avis, pour aller voir le pont U Bein au coucher de soleil. Le pauvre voulait tellement cette course que nous ne payons que 10 000 Kyats (soit 8 EUR) au lieu des 20 000 initialement demandés pour aller au pont (plus de 30 minutes de trajet), il nous attend là bas (pendant 2 heures) puis nous ramène à notre hôtel. Nous décidons donc de mener la vie royale !
Ça change des bus bondés et pourris d’Inde !
Le pont d’U Bein est long de 1,2 km et il est fait tout en teck ! Il est donc connu comme le pont en teck le plus long au monde. Sa construction a débuté en 1849 pour traverser le lac Taungthaman.
L’intérêt est qu’il offre de jolis panoramas au coucher de soleil même si c’est gavé de touristes et qu’une bonne partie du pont enjambe… de la terre.
A certains endroits le teck a carrément disparu au profit du béton mais ça reste heureusement limité.
Mais c’est toujours un lieu de vie pour les birmans qui viennent notamment y pêcher.
On en profite pour prendre la pose tant que le soleil est encore présent.
En 1 heure nous arrivons à l’autre extrémité du pont, nous avons donc pris notre temps. Notre chauffeur nous attend bien sagement au point de départ, nous faisons demi-tour avec un soleil couchant qui resplendit sur le lac.
Les couleurs sont effectivement très sympathiques et nous ne regrettons pas le déplacement.
Puis nous rentrons à notre hôtel où nous avons le plaisir de croiser une française et une belge qui voyagent en Birmanie pour 15 jours. Béatrice et Agnès sont un peu impressionnées par notre tour du monde et nous en profitons pour manger indien lors de cette dernière soirée en Birmanie :
Au final nous n’aurons quasiment jamais mangé birman, un peu honteux, mais nos estomacs sont un peu dans le dur et la nourriture asiatique (un plat à base de riz quoi) commence à nous lasser un peu (beaucoup pour Romain).
Mardi matin c’est l’heure du départ pour la Thaïlande ! Après un trajet interminable en taxi partagé pour rejoindre l’aéroport (nous ne comprenons pas pourquoi il est aussi loin de la ville de Mandalay) c’est l’heure de faire nos adieux à la Birmanie et d’embarquer (à l’heure) avec Air Asia pour rejoindre Bangkok :
Un nouveau pays, de nouvelles pagodes, enfin la plage, ça s’annonce bien ! Mais la Birmanie nous a beaucoup plu notamment grâce à Bagan et au lac Inle.
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