Moi César, carton à pizza, je n’ai pas fini de vous raconter ma vie !

Pour ceux qui auraient raté la première partie de mes aventures, je vous conseille de lire ce fabuleux récit.

12 janvier, après avoir passé la nuit au Landmark Inn de Greensboro qui pour le coup était plutôt bon marché (45$) nous marchons jusqu’à une rampe d’accès que les gars avaient repérée sur internet la veille.

Il y a un beau soleil, du coup bien qu’un peu gondolé par la pluie des jours précédents, je suis dans une forme plutôt convenable !

Il y a peu de place pour s’arrêter, ce n’est pas le spot idéal. Et il y a un autre petit souci… en 5 minutes nous ne verrons pas passer une voiture. Forcément sur internet on ne voit pas encore ce genre de détail. Romain jette alors un œil sur son téléphone pour nous dégoter un meilleur emplacement.

Après une heure de marche, nous arrivons tous les 3 sur un emplacement qui nous parait mieux.

Cette larve de Romain en profite pour casser la croûte tranquillou, c’est pas comme ça qu’on va se faire ramasser !

Pendant ce temps là, Jez et moi sommes au charbon. C’est qu’il faut quand même songer à avancer si on veut réussir à rallier Miami dans les temps !

Au bout d’une heure, la seule personne qui a daigné s’arrêter était une jeune fille un peu chelou. On n’a pas tout compris quand à sa destination, mais apparemment elle n’allait pas au même endroit que nous. Elle semblait pour le coup encore plus paumée que nous !

Notre salut arrivera au bout de 2 heures. Un homme nous emmènera une dizaine de miles plus loin. Il est lui même ancien auto-stoppeur et nous expliquera que pour se faire ramasser plus facilement, il mettait un pack de bières à ses pieds lorsqu’il faisait du stop. C’est bien beau, mais on est plus dans les années 70, pas sûr que ça marche encore aujourd’hui ce genre de choses…

Par contre il nous déposera dans un coin pas très propice à se faire ramasser à nouveau… au beau milieu de l’Interstate !

Je ne pense pas être assez grand pour ce genre d’exercice. Les voitures roulent très vite et n’ont pas le temps de voir mon beau tatouage. Nous tentons quand même notre chance pendant 1 heure, mais clairement on se dit que seul un psychopathe ou un policier pourrait s’arrêter pour nous.

Les gars finissent par se résigner et vont marcher une heure pour m’emmener sur une route moins fréquentée. Nous nous trouvons désormais sur une sortie de la route Business 85 qui est une route moins importante que l’Interstate mais qui va a peu près dans la bonne direction…

Il fait toujours aussi beau, je me dore le carton au soleil, ça me me réchauffe le cœur ! Seul petit hic, le même que ce matin, il n’y a pas un chat dans les parages. Je commence à me dire que ces gars sont de vrais amateurs, je ne nous donne que peu de chances d’arriver à Miami d’ici 5 jours. D’ailleurs ils commencent sérieusement à discuter du fait qu’il faudra prendre le bus une fois que nous aurons atteint la ville de Charlotte. Mais pour cela, il faudrait déjà réussir à sortir de ce trou paumé en bordure de Jamestown.

Au bout d’un moment, une voiture s’arrête. Les gars demandent au chauffeur où il va. Ensuite ils demandent si on peut monter et là le gars dit non !! C’était juste un curieux qui se demandait ce qu’on foutait là et qui ne connaissait apparemment pas le concept d’auto-stop. Il aurait mérité un bon coup de carton dans la figure pour le faux espoir qu’il nous a donné.

17 heures, nos ombres commencent à s’allonger sérieusement sous l’effet du soleil couchant…

… et clairement seul un miracle pourrait nous sortir d’ici. C’est dans ce genre de moments que le mental lâche. Les gars vont finir par disjoncter complètement et se mettre à danser au bord de la route.

C’est bien beau de se défouler, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick ! Quoique, je me pose des questions à ce sujet, parce que dans les 2 minutes qui suivirent, le miracle tant attendu s’est produit !

Un gars nous propose de monter dans la remorque de son pick-up pour nous emmener une dizaine de kilomètres plus loin. Les gars apprécient la course, mais moi je flippe un peu, je n’ai pas envie de devenir un vulgaire carton tombé sur la route, je vaux mieux que ça !

Ce petit ride aura le mérite de nous avoir remis sur un axe plus fréquenté. C’est donc complètement reboostés que nous continuerons à racoler les voitures qui passent.

Mais avoir le moral ne suffit pas, le soleil se couchant nous devons nous résigner à chercher un endroit où dormir.

Par chance, il y a un hôtel dans notre champ de vision. Et comble du comble, il est dans les moins chers que nous ayons eu jusqu’à présent. Même si cela se termine miraculeusement bien, le bilan de cette journée n’est pas très reluisant, on a pas beaucoup avancé, j’ai pourtant donné le meilleur de moi-même. Malgré tout, 3 personnes nous ont ramassé, c’est plutôt une bonne perf’ de ce point de vue.

Le lendemain, c’est après une heure et demie de marche que les gars vont me mettre à contribution. En chemin nous aurons l’opportunité de visiter High-Point, ville que personne ne visite…

Devant tous ces pick-ups, on s’imagine avoir notre propre véhicule et ne pas passer la journée à faire du charme aux centaines de voitures que nous voyons défiler.

C’est bien beau de rêver, mais il faut aller bosser comme tout le monde le lundi matin. Le spot du jour est plutôt bon. Il y a pas mal de circulation et de la place pour s’arrêter, c’est le genre d’endroit qu’on aimerait trouver chaque matin.

Et ça ne loupe pas, au bout de 5 minutes quelqu’un s’arrête. Seulement nous nous permettrons de refuser de monter car nous cherchons quelqu’un qui va au moins jusqu’à Charlotte, située à une centaine de kilomètres de High-Point, nous ne voulons pas revivre la même journée que la veille.

Cette stratégie va s’avérer payante car 10 minutes plus tard une autre voiture s’arrête, décidément ce lieu dépasse nos attentes ! Nos attentes seront également dépassées lorsque les gars apprendrons que l’aimable personne qui s’est arrêtée va près d’Atlanta, bien plus loin que Charlotte.

Pour un lundi, je n’ai pas trop bossé, je m’offre déjà une bonne pause après seulement 15 minute de taf’.

Notre chauffeur se prénomme Garrett. Il commence lui aussi sa semaine de travail. Il fait beaucoup de déplacements professionnels, nous sommes bien tombés. Seulement une question se pose. Il peut nous rapprocher d’Atlanta, mais ce n’est pas le chemin le plus direct pour aller à Miami, ou nous déposer aux abords de Charlotte. Comme Atlanta est une plus grande ville et est située plus près de Miami que Charlotte, nous décidons d’essayer de rejoindre la ville des JO de 1996. Cela sera sans doute aussi plus facile d’y trouver un bus en cas de besoin.

Nous passerons donc 3 heures 30 en compagnie de Garrett, ce qui n’est pas pour lui déplaire car il se rend chez un de ses clients qu’il n’aime pas trop.

Lorsqu’il nous déposera, il proposera aux garçons de passer les reprendre pour les emmener à Atlanta après son rendez-vous. C’est plus ou moins sur son chemin, mais ça lui ferait faire un détour ! C’est très gentil à lui en tout cas, mais on va quand même essayer de trouver quelqu’un d’autre pour nous y emmener. Merci Garrett !

Encore une fois, quand vient l’heure de poser avec ce grand gaillard, je suis oublié… merci la reconnaissance.

Nous voilà déposés sur un nouvel échangeur, on ne les compte plus. J’aurai la bonne surprise d’être laissé au repos car un carton sur lequel est écrit « Atlanta » se trouve déjà là. C’est comme ça que j’aime les lundis, 15 minutes de travail effectif, mais du travail efficace !

Si l’on omet, comme souvent, le panneau qui indique qu’il est strictement interdit de se trouver là, l’endroit semble assez propice à trouver un nouveau chauffeur capable de nous emmener dans la ville de Coca-Cola.

Au bout de 30 minutes une dame va s’arrêter, mais ne faisant qu’un court trajet, les gars vont encore refuser cette aimable proposition. Ils auront quand même droit à un bonbon qu’ils ont eu l’air d’apprécier. Je ne suis pas jaloux, je préfère l’huile pimentée.

C’est après une heure d’attente que nous trouverons la personne qui va nous déposer à Atlanta. Les mecs n’ayant pas plus de mémoire que moi, nous avons honteusement oublié son prénom. Il voyage dans un van accompagné de son chien dont on se souvient là par contre du nom « Miles », à cause de Miles Davis.

Le jeune homme qui nous emmène est ingénieur du son et passe son temps à tourner avec des groupes parfois un peu connus, mais pas assez pour nous. Il est aussi batteur à ses heures perdues. Il nous offrira même une cassette audio, c’est gentil, mais les gars n’ont plus de walkman depuis 10 ans !

Ayant des faux airs de Ryan Gosling, les gars se souviennent de lui sous le nom de « Ryan ». La ressemblance est saisissante, ou pas :

Il est 16 heures et nous voilà à Atlanta, chose complètement inespérée ! Grâce à moi et à mon petit collègue « Atlanta », nous avons parcouru 500 kilomètres aujourd’hui. Les gars jubilent.

Petite vue de la I-85 avec dans le fond une fausse flamme olympique :

Ayant été très performant aujourd’hui, les gars semblent décidés à me laisser dans leur sac. En cherchant un endroit où se restaurer et trouver du Wifi, ils feront un petit tour dans le quartier de Buckhead où se trouvent les grands gratte-ciel et les hôtels de luxe (ils pourraient pas me payer une piaule un peu plus haut de gamme ces radins ?)

Ils finissent par se poser chez leur chaîne de Donuts favoris. De là, ils étudient les possibilités d’hébergement et jettent leur dévolu sur un hôtel situé pas trop loin. Seulement une bande de joyeux phénomènes les en dissuadera car le quartier est malfamé. Du coup, ils iront près de l’aéroport qui est évidemment très excentré.

Cela implique de prendre le métro qui est hors de prix (5$ le trajet), enfin moi je m’en fous, c’est gratuit pour les enfants de moins de 3 ans et pour les cartons à pizza.

Après, je vais encore me faire traîner pendant une bonne heure et visiter un quartier avec de belles maisons.

Par contre, pas question de dévaliser ces charmantes demeures, comme dans beaucoup d’endroits, les voisins veillent au grain. Dommage car Jez à l’accoutrement adéquat.

Nous voilà enfin devant le magnifique motel 6 de l’aéroport d’Atlanta.

Seul petit hic, il y a une différence de 15$ entre le prix proposé sur internet et le prix proposé sur place… reste à réserver sur internet, sur place !

Le 14 janvier a été baptisée journée de la dernière chance. Les gars veulent cette fois-ci prendre la I-75 et trouver un ride qui les emmènera au minimum jusqu’à une aire pleine de camions située juste avant la bien nommée Macon, à un peu plus de 100 kilomètres au sud. Dans le cas contraire, ils prendront un bus le lendemain.

Encore une fois, nous ferons de la visite express pendant l’heure et demie de marche (ils ne font pas que le tapin au bord des routes, ils marchent pas mal ces grands gaillards) qui va nous mener jusqu’au premier « spot » de la journée.

Jez se rendra compte qu’il a oublié son téléphone à l’hôtel, quel boulet ! Il va donc y retourner en courant et revenir une heure plus tard en ayant récupéré son bien, comme si on avait que ça a foutre de perdre une heure…

En plus, l’échangeur trouvé n’est pas génial, mais nous pouvons observer les avions et les camions de la poste, c’est toujours ça :

Mais nous aurons ensuite quelques ennuis. Un policier nous demandera de ne pas rester sur la rampe d’accès car c’est illégal. Nous avancerons donc de quelques mètres, mais je suis clairement moins visible. Déjà que les espoirs sont minces, là ça sent le roussi.

Nos derniers espoirs seront douchés vers midi et demi, lorsqu’un autre policier nous demandera carrément de quitter les lieux, apparemment ma tête ne lui revient pas. Nous partons, dépités, nous réfugier au Wendy’s du coin.

Les gars regardent les différentes options pour se rendre à Miami. L’avion est exclu, car trop cher, reste le bus. Le bus est aussi relativement cher, mais il ne semble pas y avoir d’autre choix. Il y a un départ le soir même vers minuit. L’heure tardive de ce départ est ce qui va m’empêcher de finir dans la poubelle de ce fast-food, heureusement, car on ne mélange pas les cartons à pizza et les boîtes à burger !

Nous prenons donc un bus vers le centre ville. En attendant minuit, nous essaierons malgré tout de continuer à bosser, comme une sorte de baroud d’honneur. Nous atterrissons dans un quartier qui ne fait clairement pas rêver.

Du coup, hors de question de faire du stop ici, on ne veut pas se faire ramasser par un taré avec un pistolet dans sa boîte à gants. Nous poursuivons donc notre route, jusqu’à temps de retomber dans un coin où je ne crains pas de me faire trouer le carton.

Si l’influence de Coca-Cola n’est plus à démontrer, ici ça se voit jusque dans les noms de rue qui portent le nom de la marque de cette boisson gazeuse :

Nous arrivons alors à ce qui est le dernier des derniers espoirs. L’endroit n’est pas super propice car les voitures n’ont que peu de place pour s’arrêter.

Le seul avantage, c’est qu’il y a un feu systématique et que toutes le voitures sont donc obligées de s’arrêter. Il fait encore beau, mais dans une heure, le soleil va se coucher.

Nous rigolons pas mal, les gens nous font coucou, nous proposent de l’argent ou à manger, c’est bien beau, mais ça ne nous avance pas. On se dit que ce n’est pas si mal d’avoir réussi à aller de New York à Atlanta en stop.

Allez, il est 17h15, on reste encore une demi-heure dans l’attente d’un n-ième miracle. Et à 17h30, quelqu’un s’arrête. Il nous dit aller à McDonalds. Quoi ? McDo ? Il dit que c’est à 30 miles d’ici. Euh, sans trop réfléchir nous montons avec lui, ravis de quitter cette ville tout en gardant à l’esprit qu’on y reviendra peut-être pour prendre un bus dans pas si longtemps.

Nous comprendrons plus tard qu’il va en fait à McDonough qui est une ville et non un fast-food. Notre chauffeur, James, habite là bas et fait ce trajet matin et soir pour bosser sur des chantiers à Atlanta. Il nous parlera pas mal de ses enfants qui sont des grands sportifs et notamment de son fils qui fait du foot US à l’université.

Vers 18h, nous voici donc posé sur une aire de repos. Merci à James qui nous permet d’espérer encore un peu et de me faire passer au moins une nuit de plus à l’hôtel avant de finir à la poubelle.

Les gars affichent un brin de reconnaissance et me remercient chaudement.

Sur l’aire où nous sommes posés, il y a plein de camions. Nous espérons du coup en trouver un qui fait un long trajet et qui veut bien nous emmener.

Mais concrètement, ça ne marchera pas… soit ils ont fini leur journée et restent dans le coin, mais beaucoup invoquent le fait que leur employeur leur interdit de prendre des passagers et qu’en cas de souci ils risquent gros.

S’en suivra encore une bonne marche pour remonter une sortie plus haut et aller dans le motel le moins cher du coin, un grand classique.

Les gars, très consciencieux iront même jusqu’à examiner la rampe d’accès sur laquelle nous irons travailler le lendemain.

Une autre idée a aussi germée dans leurs petites cervelles. Ils ont repéré sur le parking du motel 2 voitures immatriculées en Floride. Ils décident donc de mettre un petit mot sur le pare-brise de ces 2 voitures.

Je ne vois pas comment ça pourrait marcher, c’est écrit sur du vulgaire papier même pas cartonné.

15 janvier 2014. Il nous reste 1000 kilomètres pour rejoindre Miami et les gars ont un vol pour le Pérou dans 3 jours, ça ne respire pas la sérénité tout ça ! Quoiqu’il en soit, comme toute bonne journée je reste à végéter dans la piaule pendant que Jez et Romain vont au petit dej.

Ils me raconteront qu’une dame est venue leur parler pendant le petit déjeuner. Elle a vu un mot sur sa voiture et les soupçonne d’en être les auteurs. Elle aurait bien aimé nous aider, seulement elle voyage en compagnie de ses parents, âgés, et elle n’a pas de place pour nous dans sa voiture. La déception est grande, le coup des mots a failli marcher !

Du coup, il faut quand même aller bosser et ne pas y penser. On garde le sourire.

Encore une fois il a été décidé de n’accepter que les longs trajets. Car si personne ne nous emmène loin aujourd’hui, c’est retour à Atlanta dès demain pour prendre le bus.

Au bout d’une heure, la dame que les gars ont rencontré au petit dej’ passe et s’arrête. Prise de pitié, elle nous fait constater qu’il n’y a pas énormément de place mais qu’on peut monter pour avancer un peu si l’on veut. Nous décidons de monter à bord après avoir réussi à caser les sacs dans le coffre. Il y a une dame âgée à l’arrière, la première chose qu’elle demandera au garçons, c’est de ne pas la tuer, apparemment elle n’était pas très motivée pour prendre des auto-stoppeurs !

Heureusement, l’ambiance va se détendre petit à petit lorsqu’elle constatera que nous sommes inoffensifs. La conductrice Carolina, voyage avec Maria, sa mère, qui est donc assise à l’arrière et son père, mourant, est assis côté passager.

Maria est originaire des Philippines, cela permet donc aux garçons d’avoir un sujet de conversation vu qu’ils ont passé un peu de temps aux Philippines avant de me trouver dans une poubelle à New York.

Au fur et a mesure, l’ambiance devient plutôt agréable, même si Maria est assez capricieuse. Elle veut par exemple absolument manger chinois le midi et ce n’est pas une mince affaire de trouver un restau chinois ici. D’ailleurs nous n’en trouverons pas.

Et l’air de rien, nous sommes restés à bord et quelques heures plus tard, nous voici arrivés en Floride !

Les gars demandent alors s’ils peuvent continuer la route avec Carolina et ses parents. Et comme Maria est d’accord, nous pouvons rester. Eux vont à Tampa qui est sur la côte ouest de la Floride, et comme Miami est à l’est, nous descendrons avant la bifurcation.

Vers 16 heures, nous nous arrêterons à Ocala après avoir parcouru plus de 500 kilomètres dans le 4×4 de Carolina pour ce qui restera comme un grand moment. Maria n’a plus peur des gars et veut carrément les adopter, on croit rêver. Cela se voit d’ailleurs sur les photos souvenirs :

On doit encore une fière chandelle à ces bonnes âmes, et dire qu’il y a deux jours j’ai failli retourner à la poubelle, aujourd’hui les gars songent à m’ériger une statue ! N’allez pas croire pour autant qu’ils me mettent au repos, pas du tout, nous irons tout de suite à l’échangeur du coin pour s’adonner à notre activité favorite.

Mais malheureusement, personne ne s’arrête, nous ne ferons que regarder les voitures qui passent et le soleil qui se couche.

Puis à la nuit tombée, les gars iront démarcher à la station service du coin. Certains les prennent pour des fous. Un gars leur offrira même une bière, puis leur expliquera qu’ils risquent d’avoir des gros ennuis s’ils restent ici avec leur bière car il est formellement interdit de  boire dans la rue… merci pour le cadeau empoisonné. Au même moment, la caissière de la station viendra dire au gars de partir car au moins une dizaine de clients se sont plaints d’eux (c’est cela oui…) et qu’elle appellera la police s’ils ne partent pas immédiatement.

Et c’est reparti pour 1h30 de marche, le temps de remonter de 2 sorties. Nous verrons d’admirables publicités, proposant 2 façons différentes de vous faire justice :

Nous passerons la nuit au motel 6 d’Ocala. Cette ville accueille un événement hippique d’envergure tous les ans, du coup cela se remarque un peu :

Le lendemain, jeudi 16 janvier 2014, pas le temps de profiter de la piscine du motel (de toute façon je ne résiste pas bien à l’eau). Nous sommes de bon matin au bord de la route…

Il fait très beau, mais encore un peu frisquet, on espérait avoir plus chaud que ça en Floride !

Nous resterons environ 2 heures a faire les beaux au bord de la route avant de trouver le sauveur du jour ! Et pour le coup, il va nous emmener jusqu’à West Palm Beach situé à plus de 350 kilomètres d’Ocala, c’est, comme souvent ces derniers jours, totalement inespéré !

Le conducteur, Lou Vuto, a un métier peu commun : il est sosie d’Elvis ! Il se produit en général dans le Tenessee, mais aujourd’hui il descend en Floride pour voir de la famille et se produire là bas. N’hésitez pas à le rechercher sur google pour le voir en tenue de scène.

Nous passerons donc quelques heures en compagnie de cette personnalité originale, encore une fois cela sera très plaisant, d’autant que tout le monde a le moral parce que nous approchons du but. Evidemment, une star comme lui ne pouvait échapper à la traditionnelle photo avec les gars.

Nous ne sommes plus qu’à une grosse centaine de kilomètres de Miami et retour sur la I-95 que nous avions quitté en Virginie il y a un bon moment déjà. J’en profite pour signaler au gars que je n’ai pas envie d’avoir de grosses marques de bronzage et que j’aimerai me remettre au naturisme, ma grande passion.

Jez m’ôte donc toutes mes couches de papier assemblées avec ingéniosité.

Il ne me reste alors que mon tatouage définitif. Je suis pas beau comme ça ?

Comme il n’est que 14 heures, nous pouvons reprendre le taf et tenter de rallier Miami pourquoi pas dès ce soir, ce qui laisserait aux gars une journée de visite avant de quitter le pays.

Nous nous posons donc sur notre 596ème échangeur et gardons le sourire lorsque nous voyons passer une voiture de police. Les policiers ne nous auront réellement ennuyés qu’à Atlanta.

Nous n’attendrons pas longtemps avant de trouver un petit papi qui nous avancera de quelques kilomètres, c’est ça de pris. Du coup, nouvelle rampe d’accès :

Le ride suivant va réellement décoiffer. Et pour cause, nous montons dans une camionnette de chantier toute dégueulasse conduite par des mexicains. C’est plein d’huile et d’objets dangereux en tout genre… non mais faut être con pour monter là dedans, mais comme d’hab on ne me demande pas mon avis. Les gars y laisseront tout deux leurs lunettes de soleil qui reposent désormais en paix sur l’Interstate 95. Heureusement, ils auront la décence de m’empêcher de subir le même sort. Au niveau sensations, ça envoie plus qu’une course à l’arrière d’une mobylette pour être livré en moins de 30 minutes. Les gars peuvent avoir le sourire, ils sont toujours vivants !

Nous avons encore avancé de quelques kilomètres, mais il faut continuer à bosser en espérant battre notre record de 3 courses dans la même journée.

Bingo, nous ferons encore quelques kilomètres en compagnie d’un jeune en tenue de sport. Cette fois, j’aurai en plus les honneurs de la photo.

Il est quasiment 17 heures, allez on continue !! Malheureusement la rampe d’accès située là où nous sommes déposés est trop dangereuse, du coup, nous ferons une nouvelle balade de 45 minutes pour trouver une meilleure rampe.

Notre objectif est toujours le même.

Alors que nous sommes au bord de l’abandon, quelqu’un nous emmènera une nouvelle fois un peu plus loin. Il est cuistot, c’est toujours l’occase de parler bouffe pour les gars. 5 personnes nous ont emmenées aujourd’hui, c’est incroyable !

Il fait nuit, mais pris par notre élan du jour, nous décidons de tenter une nouvelle fois notre chance. Plein de panneaux plus jolis que moi sont là, mais les gars me restent fidèles :

Et nous trouverons quelqu’un d’assez fou pour nous prendre de nuit en la personne d’Elie. Il a à son actif de grands périples en auto-stop qui font passer les gars pour des petits joueurs ! Du coup il prends systématiquement les auto-stoppeurs car il sait trop bien ce que c’est que de rester planté au bord de la route. Quelle folle journée, ce rush final est absolument incroyable.

Nous ne sommes plus si loin du but, nous décidons donc de continuer, mais clairement l’endroit n’est pas pratique.

Quelqu’un s’arrêtera, mais il n’aura pas assez de place pour nous prendre tous les 3 et les gars ne veulent pas m’abandonner. Il est presque 20 heures, ça devient compliqué…

Romain verra grâce à son smartphone que nous ne sommes pas si loin d’un centre commercial. Nous décidons de nous y rendre pour trouver du Wifi et faire un état de notre situation.

En route nous verrons que nous sommes dans le réseau de bus de Miami ! Nous pouvons donc atteindre Miami dès ce soir.

Mais après 30 minutes d’attente à l’arrêt de bus en vain, nous poursuivons notre route jusqu’à l’Aventura Mall ce qui demandera une bonne heure de marche. C’est au final vers 23 heures que nous prendrons un bus pour rejoindre le centre ville de Miami.

Nous sommes complètement exténués par cette journée marathon et cela se voit sur le visage des garçons. Moi évidemment, je me porte comme un charme.

Mais la satisfaction d’avoir réussi à rallier Miami depuis New York en auto-stop prend le dessus sur la fatigue, le moral des troupes est au beau fixe. Nous aurons mis 12 jours pour parcourir environ 2500 kilomètres et nous avons été transportés par 20 personnes différentes, que de souvenirs !

Nous faisons donc nos premiers pas by night dans la capitale de la Floride.

Voici un hommage à l’histoire que je viens de vivre avec les gars depuis qu’ils m’ont sorti de cette poubelle le 5 janvier 2014.

Malheureusement, notre moral sera un peu sapé par la qualité de l’hôtel Leamington, plus de 60$ pour une chambre pourrie et sans chauffage.

Miami vit actuellement une vague de froid sans précédent, mais il fait quand même entre 5 et 10 degrés, et malgré tout cela fait la une aux infos. Reste que sans chauffage, ça caille quand même.

Vu l’heure tardive, les gars mangerons diététique.

Romain me ramènera même de la charmante compagnie pour cette nuit, hmm…

17 janvier. Après une grâce mat’ bien méritée, l’heure est aux adieux. Les gars ont décidé de me laisser tomber dans cet hôtel un peu naze, pas très glorieux comme sortie. On a vécu de bon moments les mecs, vous voulez pas m’emmener avec vous en Amérique du Sud ? Il paraît qu’il n’y a pas d’Interstate 95 au Pérou, tu parles d’une excuse…

Bon je les comprends aussi, il est donc temps de se dire au revoir, on peut bien se faire la bise quand même. Bon voyage les amis !

Hey César, merci pour tout, mais nos chemins se séparent désormais. En ce vendredi matin, nous quittons donc notre fidèle ami César pour visiter un peu Miami. Nous n’avons que 24 heures et feront donc une impasse sur ce que nous avions prévu à la base dans le planning (Keys, Everglades), mais vu l’aventure que nous venons de vivre ce n’est pas si grave, nous reviendrons.

Reste que nous irons en plus visiter la ville en compagnie de nos sacs à dos car nous souhaitons changer d’hébergement pour la nuit prochaine. Il fait beau, et c’est le jour le plus chaud que nous ayons eu aux Etats-Unis, la vague de froid qui touche la Floride est toute relative…

On a quand même l’ambiance de bord de mer, avec les palmiers, le ciel bleu, les bateaux.

C’est beau, c’est propre, c’est riche. On doit faire un peu tâche dans ce beau décor.

L’auberge que nous avons repérée se trouve sur Miami Beach, nous finissons donc par arriver sur cette fameuse île.

Enfin délestés de nos baluchons, nous pourrons arpenter tout d’abord Washington street. Nous verrons nos potes d’UPS dont nous avons vu moult camions durant notre descente de la côte est.

Puis nous irons le long de la plage, sur la rue la plus touristique, Collins Avenue. Pour le coup, ça nous change de McDonough !

Le midi, pour changer, nous irons manger un bon burger, le dernier du pays ?

Romain prendra ensuite la pose devant le Bamboo club, succursale de la célèbre boîte de Bucarest qu’il a assidûment fréquentée pendant ses années roumaines.

Jez quand à lui verra qu’il est déjà célèbre dans les parages, certains allant jusqu’à floquer son nom sur leur plaque d’immatriculation.

Nous irons ensuite nous abreuver en profitant du verre offert à notre auberge, le South Beach Hostel. On aura droit à un cocktail maison.

Pour la suite du programme, nous irons voir la mer, mais il ne fait pas assez chaud pour se baigner.

Les chats s’en foutent, car de toutes façons c’est par leur truc.

Puis voilà la fameuse south beach, mais c’est assez nuageux et désert, du coup c’est un peu tristoune.

Et puis, si on regarde un peu vers la droite, on est loin de la carte postale…

Mais c’est plutôt bien aménagé et plein de grand immeubles, rien à envier à la Baule.

A la recherche d’un coin sympa où manger, nous nous aventurerons du côté de la Espanola Way où se trouvent de charmants restaurants.

C’est mignon, mais il est un peu tôt pour manger. Allons voir ce qui se trame un peu plus au nord, il y a une grande avenue piétonne, la Lincoln Road Mall.

Nous y chercherons une crêperie tenue par un breton, mais apparemment elle n’existe plus ou alors nous sommes miros. Mais quelque chose d’autre a attiré notre attention.

Nous décidons d’aller prendre une petite bière en l’honneur de César, on lui doit bien ça.

C’est bien beau 1 litre de bière, mais ce n’est pas ça qui va nous remplir l’estomac. Nous décidons donc de prendre les choses en main en commandant cette fois-ci une botte de bière.

Ah ça fait quand même 2 litres, un bon plat de résistance en somme (mangez rapide, mangez liquide).

Après ce bon repas, nous rentrerons sagement à l’auberge. Romain sera quand même pris d’une folle envie d’acheter un panda, heureusement, la boutique est fermée.

Le lendemain, nous devons déjà quitter la ville et même le pays. Nous ne sommes restés que 19 jours, mais entre New York sous la neige, notre improbable périple en stop et le soleil de Floride, nous avons été marqués par notre passage chez l’oncle Sam.

Nous arrivons donc en début d’après midi a l’aéroport de Fort Lauderdale, situé à une trentaine de kilomètres de Miami.

Nous aurons quelques ennuis à l’enregistrement. En effet notre compagnie aérienne, Spirit Airlines, exige que nous ayons un billet retour ou tout du moins un titre de transport prouvant que nous allons quitter le Pérou. Mais on a rien de tout ça ma p’tite dame ! Après vérification sur internet nous savons qu’on ne nous demandera rien à l’arrivée à Lima. On nous répond que les règles Spirit Airlines prennent les dessus sur les règles officielles, non mais quelle bande de c…

On nous donnera quand même une astuce pour nous en tirer. Aux USA, il existe une loi qui permet d’annuler sans frais un billet d’avion dans les 24 heures après la réservation. Nous achetons donc un billet Lima-Miami qui coûte quand même quelques centaines d’euros, il y a intérêt que ça fonctionne ! Evidemment, la résa se fait sur le comptoir d’enregistrement, un grand moment.

Après ce petit couac, nous pouvons malgré tout embarquer. L’avion accuse un retard de plus de 2 heures, du coup nous verrons le soleil se coucher avant de décoller pour aller découvrir l’Amérique du Sud où nous passerons les 4 prochains mois.

Si vous voulez plus d’images et moins de texte, vous pouvez regarder nos galeries photo des Etats-Unis.

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