Moi César, carton à pizza, ma vie sur la I-95

Humm… qu’il est bon de se réveiller après une si longue torpeur. Je croyais ma fin proche quand je fus négligemment jeté dans cette grande boîte pleine de détritus. J’avais pourtant résisté au four chauffé à 230 degrés, au picotement des épices sur ma carapace mais la tête dans le noir de ces dernières heures avait anéanti tout espoir de vie.

Heureusement, en ce dimanche matin 5 janvier 2014, une main est venue me saisir pour m’extirper d’une fin proche. On m’a frotté, on m’a regardé pendant que j’essayais d’avoir l’air le  plus présentable possible. Ils étaient deux à m’épier – couverts de la tête aux pieds avec bonnets, écharpes et gants – en se demandant quel avenir ils pourraient me trouver.

Je fus glissé sous un des bras et nous voilà partis tous les 3 pour une nouvelle aventure qui s’annonce bien différente de ce que j’avais vécu jusqu’à présent. Dès les premiers instants dehors, j’ai compris que mon nouvel univers serait bien différent, la neige est omniprésente et ça caille dur. Mais ou est passé mon four ?

Mes nouveaux propriétaires ont l’air sympathiques, ils marchent d’un pas énergique depuis que nous avons quitté l’appartement du Queens où je résidais jusqu’à présent. En écoutant ce qu’ils racontent je comprends rapidement que nous allons passer pas mal de temps dehors et qu’ils ont pour projet de rallier Miami en stop. Quoi ? Miami ? Mais ils sont fous, c’est à plus de 2000 kilomètres d’ici ! Et il va falloir que je résiste à tout ça ?

C’est que je ne suis pas habillé pour l’hiver, je ne suis fait que de 3 couches et la météo, que j’entendais du poste radio de la cuisine où je logeais, annonce l’arrivée du vortex polaire.

Tant pis, je prends mon courage à deux mains, et je me fais la promesse d’aider ces deux petits gars tant qu’ils auront besoin de moi pendant les prochains jours. Après tout, ils semblent m’offrir un road trip qui s’annonce des plus alléchant alors que mes heures étaient comptées.

Moi César, carton à pizza, vais vous raconter l’histoire la plus incroyable que j’ai jamais vécue : une aventure sur les routes américaines au cœur de l’hiver.

Nous commençons par prendre tous les 3 le métro en direction de Manhattan. La première étape semblant être Philadelphie, il a été décidé de commencer à faire du stop sur Staten Island, île au sud de Manhattan. Le métro est bruyant mais au moins il fait chaud :

Nous prenons ensuite le ferry pour rejoindre Staten Island. Manhattan, dans le brouillard de janvier, s’éloigne :

L’arrivée à Saint George sur Staten Island :

Nous attendent ensuite 2 heures de bus pour arriver dans le sud de l’île. C’est long mais je ne suis pas pressé et ça me permet de me réchauffer le carton.

Mais que se passe-t-il ? Pourquoi Jez a sorti un marqueur ? Aïe ils vont me faire un tatouage. Je serai bien resté naturel mais ils ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont décidé de me graver sur le corps « I-95 South ». Je me sens un peu défiguré mais c’est pour la bonne cause. Pendant que je subis cette séance de torture Romain commence à héler les voitures le long d’une autoroute :

Mais pourquoi « I-95 South » ? Car cette route – une Interstate – c’est à dire une très grande autoroute, va de New York jusqu’à Miami. Le chemin le plus direct et le plus fréquenté pour rejoindre les tropiques.

Mais alors que nous sommes installés sur cet emplacement depuis seulement 2 minutes une voiture s’arrête et un gars travaillant dans le « secourisme » nous dit de partir. Il ne veut pas nous voir ici, nous disant que l’autostop est interdit aux USA et que si nous restons là il appelle la police. Ça commence bien !

Romain & Jez décident donc de bouger et d’aller racoler les voitures sur une rampe d’accès à cette autoroute située quelques mètres plus loin. Et me voici au boulot :

Porté à bout de bras, j’ai l’impression que je vais passer pas mal de temps à être exposé à tous les vents. Eux ils se relaient pour arrêter les voitures mais moi je suis toujours de la partie !

Il semblerait que je ne passe pas inaperçu puisqu’une voiture de police viendra nous voir au bout de quelques minutes. Voici un bout de conversation entendue entre le policier et Romain :

Policier : Où est ce que vous allez ?

Romain : A Miami !

Policier : Est-ce le moyen le plus intelligent d’aller à Miami ?

Romain : Non, mais c’est le moins cher.

30 minutes qu’ils essaient de faire du stop et déjà deux interventions qui mettent le doute sur la viabilité de leur affaire. Il faut dire qu’il y a des voitures de police partout dans ce pays, il ne se passe pas 15 minutes sans qu’on n’en voit au moins une.

Passe encore un peu de temps et une nouvelle voiture de police s’arrête. Aïe, ça se complique un peu plus. Le policier engage la conversation mais au lieu de nous envoyer balader nous dit qu’on peut monter tous les 3 dans sa voiture et qu’il va nous déposer quelques kilomètres plus loin.

Romain & Jez semblent très contents, leur aventure en stop commence enfin et d’une manière plutôt incroyable. Nous passons un très grand pont dans sa voiture et nous voici maintenant dans le New Jersey. Incroyable ! Un policier nous dépose dans cet état où il est interdit de faire du stop. Il nous souhaite bonne chance et nous indique quel est le meilleur emplacement pour arrêter les voitures.

Un habitant viendra parler aux gars en leur disant qu’il vaut mieux changer de route pour avoir plus de succès. Ils s’exécutent donc :

Les voici tous les deux sur la route 35 à Woodbridge Township, petite ville du New Jersey. La I-95 est encore loin d’ici mais c’est un axe plus fréquenté avec une possibilité plus grande que les voitures aillent vers l’Interstate.

Le problème est qu’il fait très froid, ils ont les pieds dans la neige (au moins un supplice que je n’ai pas à subir) et la nuit tombe. Personne ne s’arrête mais les américains sont exceptionnels. Plusieurs passants et automobilistes proposent de l’argent, de la nourriture ou des vêtements. Ça fait vraiment plaisir mais nous cherchons juste une voiture.

Fort heureusement toute bonne route américaine a son fast-food et nous pouvons nous réfugier tous les 3 au Wendy’s qui était juste à côté :

Romain & Jez décident d’arrêter le stop pour aujourd’hui et d’essayer de trouver un hébergement pas trop cher dans le coin. Grace à la magie du Wifi présent un peu partout dans ce pays ils trouvent un motel à 50 dollars situé à environ 6 kilomètres de là. Ils partent donc en direction de celui-ci dans la froide et humide nuit de janvier.

En chemin ils visitent Woodbridge Township. La neige rend cette petite randonnée nocturne assez difficile surtout qu’il n’y a pas des trottoirs partout. Pendant ce temps là j’en profite pour me reposer un peu :

Après avoir pas mal galéré dans la neige en longeant notamment des glissières de sécurité en bordure d’autoroute nous arrivons tous sains et saufs à l’Americana Motel, en bordure de la route 1.

C’est confortable et propre. Le standing est un peu plus élevé qu’en Inde. Le bilan de cette première journée de stop n’est pas très glorieux avec environ 5 kilomètres de fait en voiture. A ce rythme là Miami sera atteint l’été prochain !

Lundi matin, il va falloir mettre les bouchées double mais malheureusement il pleut. Nous quittons le motel vers 10h30…

… avant de tester une autre chaîne de fast-food pour le petit déjeuner. Nous allons chez Dunkin’ Donuts, il y en a partout et ce n’est pas bien cher :

Par contre je suis privé de donuts pendant qu’eux se régalent. Eh mais les gars, il est 11h30, il va peut être falloir se mettre à bosser ?

Ah enfin ! Romain me met enfin à contribution, je retrouve un peu d’utilité. Alors qu’il ne fait vraiment pas chaud, qu’il pleut par averses, le moral des troupes n’est pas au beau fixe. On nous propose toujours de l’argent ou de la nourriture mais personne ne veut de nous. Est-ce que ça viendrait de leur style ? Les bonnets, écharpes et style vestimentaire font surement peur aux automobilistes.

Mais après 1h30 d’attente, ce qui n’est pas beaucoup en soi, une dame s’arrête pour nous et propose de nous emmener dans son 4×4 vers le sud. Quelle gentillesse ! Elle s’est arrêtée car nous lui rappelons ses fils (dont un qui étudie en Suisse). Elle avait prévu d’aller jusqu’à une petite ville qui se situe à 20 kilomètres avant Philadelphie mais quand nous lui disons que nous voulons aller là bas pour voir Rocky elle changera ses plans. Nous passerons environ deux heures dans sa voiture, faisant même un détour pour visiter la célèbre université de Princeton, pour atteindre Philly’. Un énorme merci à Connie qui nous lance véritablement dans l’aventure !

Du coup il est 15 heures et nous sommes dans le centre de Philadelphie. Journée parfaite d’auto-stop, on n’en demandait pas tant. Nous décidons d’arrêter de bosser pour aujourd’hui, je prends un RTT, les garçons veulent allez comparer leurs muscles avec Rocky. C’est ici qu’a été tourné le fameux film avec Stallone, et notamment la scène où il court sur les escaliers devant le musée d’Art. Une statue a même été érigée en l’honneur de ce grand combattant :

Malgré le froid polaire nous sommes quelques touristes à courir sur les marches ou à faire les guignols :

Le musée d’Art de Philadelphie et ses alentours :

Jez marche sur les traces de son héros…

Moi ça me rend un peu jaloux tout ça… Tant d’admiration pour Rocky mais il ne faudrait pas qu’ils oublient que c’est grâce à moi qu’ils sont arrivés là. Bon, je prends sur moi et accepte quand même de les accompagner pour la suite de la visite de la ville.

Il faut bien avouer que les RTT ça a du bon et que cette « Race Street » est très sympa avec les drapeaux des pays du monde entier :

Romain prend la pose devant le drapeau de la Roumanie :

Philadelphie :

Tout cela est très joli mais il faut se préoccuper de trouver un endroit où passer la nuit. Je compte sur vous les garçons, je n’ai pas envie de me geler le carton !

Une pause, salutaire, au Wendy’s nous informe que cette ville a un gros problème d’hébergement. Rien n’est à moins de 80 dollars et en plus ça n’a pas l’air terrible…

Les garçons jettent leur dévolu sur le « Skyview Plaza Hotel & Suites », un nom pompeux qui cache une triste réalité. En chemin vers l’hôtel la visite se poursuit. Ici nous sommes sur « S Broad Street » :

Nous avons arrêté de compter les voitures de police mais en voici un exemplaire :

Noël est fini depuis presque 2 semaines mais un quartier reste très bien décoré :

Et voici notre hôtel pour la nuit :

Lit double pour les gars, je me contenterai de la table. En apparence tout à l’air bien mais il y a un problème majeur. Le chauffage fonctionne très mal et la température dans la chambre a de quoi me faire geler le carton. Dehors le thermomètre affiche -20 degrés. Romain & Jez tentent une parade contre le froid :

Mardi 7 janvier, l’objectif est d’arriver à Washington le plus tôt possible. Mais il y a un problème de taille :

Romain n’a pas compris et fais le malin dans la chambre d’hôtel :

On m’a recouvert d’une feuille de papier (c’est gentil mais pas suffisant vu le froid qu’il fait les gars) où c’est indiqué « D.C. » qui correspond à District of Columbia, état américain où est située la capitale des Etats-Unis.

Dehors c’est l’apocalypse :

Il fait environ -15 degrés et il y a un vent terrible qui nous glace sur place. Comment rester dehors toute la journée ? Espérons qu’une bonne âme vienne nous aider rapidement.

Nous avons choisi comme « spot » un échangeur de la I-95 dans le sud de Philadelphie. On est exposé à tous les vents et nous avons du mal à résister :

Fort heureusement nous ne souffrirons pas trop longtemps à cet endroit. Un gars travaillant dans l’US Navy nous fait monter dans son 4×4 et nous déposera une vingtaine de miles plus loin (environ 32 kilomètres). Ça a le mérite de nous faire sortir de Philadelphie mais 20 miles ce n’est pas beaucoup et de plus il nous a déposé sur une « séparation de l’autoroute ». C’est à dire que la I-95 se sépare en deux et il nous a arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence. Les voitures passent à coté de nous à environ 100 km/h ce qui fait qu’il est quasi impossible pour un automobiliste de nous voir et de pouvoir s’arrêter à temps.

Je suis pourtant d’un fort beau gabarit, dans ma jeunesse j’ai accueilli des pizzas taille « familiale » mais sur cet autoroute, fasse aux véhicules lancés à toute allure, je ne fais pas le poids. Je préfère la quiétude d’un échangeur ou d’une rampe d’accélération comme ça les conducteurs ont tout le temps pour m’admirer et s’arrêter.

Hormis ce problème logistique de mauvais emplacement, il fait encore plus froid que ce matin. Le vent est infernal et on pourrait se croire sur la banquise. Jez & Romain ont beaucoup de mal à résister. Les pieds et mains, notamment, brûlent littéralement. Le problème s’aggrave pour Jez qui n’arrive plus à respirer normalement à cause du froid.

Nous nous réfugions dans un Taco Bell situé à proximité qui va nous sauver !

Jez est complètement congelé. Il classera, plus tard, cette journée comme la plus difficile depuis le début du voyage. Mais il faut retourner au charbon et nous passerons 2 heures de plus à essayer d’arrêter les voitures face au Taco Bell (c’est notre issue de secours).

Mais ils sont fous ces bretons ! Je vais continuer à grelotter jusqu’à la tombée de la nuit, moment où ils décident enfin de rendre les armes. Remarquez, cet emplacement est plutôt hostile et nous serions tous contents de pouvoir faire quelques miles de plus pour pouvoir trouver de quoi s’héberger notamment.

Grâce au wifi nous pouvons trouver un motel pas trop cher (75 dollars quand même) situé à une heure de marche d’où nous sommes. La délivrance de cette journée en enfer arrive quand nous voyons le panneau « Milan Motel » de la ville de Claymont dans l’état du Delaware.

Petit exemple de notre activité préférée quand nous sommes sur le pc :

Regarder des échangeurs, analyser les commodités à proximité (fast-food, hébergement,…), étudier la largeur de la bande d’arrêt d’urgence,… c’est passionnant, n’est-ce pas ? Sans Google Maps et Street View l’auto-stop serait beaucoup plus compliqué !

Jez respire enfin et nous présente ses différentes couches :

Quel petit joueur car je suis toujours vivant et pourtant les deux ne se sont pas cassés la tête pour m’habiller. Romain ne fait pas mieux en ayant mis 8 couches, 3 paires de chaussettes et 2 paires de gants ! La bouteille d’eau à l’intérieur du sac n’a pas résisté et s’est transformée en glace :

Le bilan de la journée n’est pas glorieux et Washington est encore bien loin. Le point positif est que nous avons tous survécu à la journée la plus froide enregistrée depuis des dizaines d’années à Philadelphie.

Le lendemain matin nous quittons notre motel confiant dans cette journée qui ne pourra pas être beaucoup pire que la précédente.

Je n’ai pas la classe quand même ?

Le coin où nous sommes est miteux et nous décidons de prendre un bus local pour aller faire de l’auto-stop à la sortie de Wilmington, grande ville qui se situe à 15 kilomètres de notre motel.

En regardant Jez on comprend que le froid est toujours mordant :

Et alors que nous sortions du bus à Wilmington et que nous nous dirigions vers notre lieu d’auto-stop un automobiliste a flashé sur moi. Je me baladais nonchalamment accroché à la main de Romain quand Tommy, l’automobiliste, m’a vu et s’est arrêté. Il a tout de suite proposé à Romain et Jez de monter dans sa voiture, peu importe où ils allaient !

Tommy est un jeune photographe au talent prometteur et très libre dans sa tête. Dès qu’il voit des auto-stoppeurs ils s’arrête. Quelle chance nous avons eu. Il prévoyait de faire 30 miles mais pour nous il va rouler toute la matinée ! Tommy est d’une gentillesse extrême, il tient absolument à nous aider du plus qu’il peut. Il n’a pas un sou, il a emprunté la voiture de sa grand-mère mais, quand il apprend que nous voulons aller à Washington, il décide de nous emmener jusque là bas ! C’est environ 200 kilomètres de plus que ce qu’il comptait faire. Incroyable de voir un tel dévouement. Tommy fait partie des gens qui pensent « positif », c’est à dire, fait quelque chose de bien et quelqu’un fera quelque chose de bien pour toi.

Après la galère d’hier nous vivons une matinée royale en arrivant à Washington vers 13 heures. Romain et Tommy :

Un immense merci à lui, nous sommes chanceux d’être tombé sur une personne comme ça.

Du coup je n’ai même pas eu à travailler aujourd’hui, Jez me range dans son sac et je vais pouvoir prendre un peu de repos car les gars veulent profiter de Washington et demain sera une journée chômée pour moi aussi. Mais rassurez vous ils m’ont raconté leur programme et vous n’allez rien manquer de la visite de Washington.

Ils ont d’abord commencé par la visite du Hirshhorn Museum, musée d’un genre un peu spécial consacré à la violence et à l’art moderne :

Il faut savoir que Washington possède d’excellents musées, les meilleurs du pays, et ils sont gratuits. Ce fût ensuite le musée de l’avion et de l’aérospatiale :

C’est immense, il y a plein d’explications, c’est ludique et instructif, bref un excellent musée. Malheureusement la visite sera écourtée par la fermeture.

En sortant du musée on peut apercevoir le Capitole américain by night :

Jeudi, je resterai au placard pendant que Jez et Romain iront visiter la capitale. L’occasion de reprendre des forces mais j’aurai bien aimé voir Barack tout de même !

Ils commenceront par une visite du Capitole, lieu de pouvoir et de décisions (ou d’indécisions suivant les sujets traités). Sur le chemin :

La construction du Capitole a commencé en 1793 mais il fut modifié et reconstruit plusieurs fois. Aujourd’hui l’aile nord est le siège du Sénat tandis que l’aile sud est le siège de la Chambre des représentants.

Il vaut mieux réserver à l’avance pour pouvoir visiter, gratuitement, l’intérieur du bâtiment.

C’est une visite guidée de 45 minutes (ainsi qu’un très joli film d’introduction sur le rôle du Capitole) qui nous emmène dans l’histoire de la vie politique américaine et son fonctionnement.

La pièce centrale, le dôme, du Capitole :

La visite se poursuit dans différentes salles qui disposent d’un très beau style architectural :

Et ensuite une petite surprise attend Romain et Jez. Il est possible de visiter le siège du Sénat gratuitement. Pour cela il faut se débarrasser de tout (téléphone, appareil photo,…) et subir plusieurs scanners mais, chose incroyable, ils vont pouvoir rentrer dans la salle où siègent les sénateurs et voir en direct l’un des plus célèbres d’entre eux. Ils ne sont que deux dans la pièce (les autres sont partis en pause dej’ ?) mais une star est présente. Romain et Jez auront la chance de pouvoir voir John McCain, sénateur de l’Arizona et ancien candidat à la présidentielle, à quelques mètres d’eux entrain de faire un monologue sur la guerre en Irak. L’instant est assez impressionnant.

En sortant du Capitole :

Il y un magnifique ciel bleu !

Mais il fait toujours aussi froid.

L’esplanade devant le Capitole (où le président américain prête serment lors de son investiture) et le Washington Monument au bout :

Le Washington Monument qui est actuellement fermé suite au passage d’un ouragan en 2011 :

Quelques photos du quartier des « bâtiments officiels » :

Mémorial de la Deuxième Guerre Mondiale.

Siège de la Croix Rouge Américaine.

Grand bassin « réflecteur » où a couru Forrest Gump… une autre idole de Jez.

L’heure du repas approchant, les 2 auto-stoppeurs décident d’aller rendre une petite visite à Barack. Jez lui a téléphoné et c’est ok pour la galette des rois.

La baraque de Barack :

Le potager de Michelle :

L’écureuil de Barack :

Et ouais mec, je suis sympa, mais tu restera derrière la grille !

Romain est déçu, Jez invoque un empêchement de Barack, tant pis, il faudra repasser. Les deux en profitent pour visiter autour de la Maison Blanche :

Puis l’après midi ils iront dans la ville de Georgetown qui est collée à Washington. C’est une très jolie petite ville qui abrite une population plutôt aisée.

Ici les boutiques sont orientées luxe, tout est très propre, c’est richement décoré, il parait que c’est une ville à « hipsters » mais comme ils n’ont toujours pas compris le sens du mot on ne fera que supposer. Moi, carton à pizza, je ne suis pas concerné pas ce genre de considérations sociales, et c’est pas plus mal comme ça.

Le Potomac est gelé, impressionnant.

L’occasion de traverser l’université de Georgetown et de voir des gens travailler :

Quelque chose qui ne parle pas beaucoup à nos deux voyageurs…

Poursuite de la visite de Georgetown :

Un peu de France qui mets nos deux bretons en émoi :

A défaut de caramel au beurre salé il reste toujours la bière pour se mettre chaud :

Et la soirée s’achèvera sur une crêpe salée et une crêpe sucrée dans le centre de Washington. Malheureusement on est loin des standards bretons :

Washington, D.C. est une très jolie ville, très bien entretenue, avec de nombreux musées et qui fait très chic… pour les parties visitées du moins. Il faudrait au moins 3 jours pour visiter correctement la ville.

Vendredi, je reprends du service. C’est bien joli de visiter mais Miami est encore loin et il ne reste qu’une semaine pour y arriver. Debout à 7h30 et la journée commence par une traversée de Washington pour rejoindre le lieu d’auto-stop. Le froid des derniers jours a laissé place à la pluie :

Et la pluie est tout ce qu’il y a de pire pour mon carton ! Nous commencerons à « bosser » sur un échangeur de la (fameuse) I-95 dans la ville d’Arlington, Virginie, au sud de Washington.

La pluie ne fait vraiment pas nos affaires. Qui voudrait prendre des clochards qui sentent le chien mouillé ? Les gens préfèrent nous donner de l’argent plutôt que de nous prendre et c’est compréhensible.

Néanmoins, Peaches, une dame travaillant pour le gouvernement américain (au Pentagone ? après tout, nous ne sommes qu’à quelques kilomètres) a la gentillesse de nous prendre après moins de 2 heures d’attente dans son 4×4 (une nouvelle fois une grosse cylindrée) pour que nous fassions une vingtaine de miles.

Ça lance la journée et nous ne dormirons pas à Washington ce soir. De plus elle nous dépose sur un endroit un peu exposé mais avec un fort trafic :

Jez et moi sommes immanquables, les voitures sont obligées de s’arrêter… enfin, ça, c’est ce qu’on espère toujours.

Malgré la pluie, une jeune militaire viendra abréger nos souffrances au bout de 20 minutes d’attente pour un « ride » de 10 miles. Il n’est pas 15 heures et nous avons déjà eu 2 conducteurs pour nous prendre. Nous n’avons pas avancé de beaucoup mais la pluie nous semble bénéfique.

Par contre nous sommes au milieu de nul part. Nous avons été déposé sur une aire de repos sur la I-95 où il n’y a rien (on entend par là pas d’hébergement ni de restauration) et notre seul échappatoire est de trouver une nouvelle voiture.

On ne vas pas moisir ici quand même ?

Jez et Romain décident de me laisser au repos et vont directement parler aux conducteurs pour avoir plus de chance. Je suis un peu vexé mais on fait contre mauvaise fortune, bon cœur.

Premier conducteur interpellé et c’est un succès ! Incroyable, nous ne sommes restés que 5 minutes sur cet aire. Iven, étudiant en philosophie, rentre chez lui en Caroline du Nord, non loin de Charlotte. Charlotte ? Mais c’est inespéré, c’est à environ 5 heures de voiture d’ici. Jez et Romain exultent, Miami se rapproche.

Nous passerons le reste de la journée en compagnie d’Iven qui est, une nouvelle fois, extrêmement sympathique et très curieux du périple que nous faisons. Les gens n’arrivent pas à croire que nous faisons New York-Miami en stop en plein mois de janvier !

En chemin vers la Caroline du Nord :

Subway, célèbre chaîne de fast-food présente tous les 5 km en moyenne, est même disponible en drive !

Iven nous déposera à Hillsborough, une centaine de miles avant Charlotte, et nous quittera en nous avouant que le voyage que nous faisons fait naître chez lui des envies d’aventure.

Iven et Romain.

Iven et Jez.

Et moi ? je pue ?

Ah enfin un peu de reconnaissance, les garçons me doivent une fière chandelle après une telle journée. J’ai bien morflé, mes 3 couches se décollent mais je suis toujours vivant et prêt à affronter de nouveaux les échangeurs et rampes d’insertions.

Heureusement nous sommes tombés dans le meilleur hôtel depuis le début du périple. C’est tout neuf, brillant de propreté, spacieux et le petit-dej est à volonté.

Samedi 11 janvier, la pluie est toujours présente et démoralise un peu les troupes. Nous sommes désormais sur un échangeur de la I-85 et l’objectif est de rallier Charlotte, capitale de la Caroline du Nord, au plus vite. C’est une grosse ville qui nous permettrait de prendre le bus jusqu’à Miami en cas de manque de temps. Après avoir eu autant de chance hier nous pensons que cette journée sera à nouveau galère, et oui, il faut bien compenser.

Après une attente d’un peu moins de 2 heures sous la pluie, Rob, chef cuisto dans un restaurant, nous aide à déjouer les pronostics. Il ne fait qu’une quinzaine de miles mais nous propose directement d’aller passer l’après midi chez lui. Le soir il doit faire 30 miles de plus et pourra nous emmener avec lui. Vu le déluge qui tombe nous choisissons de rester au chaud, le stop ça attendra !

Du coup nous voila arrivés dans sa famille où tout le monde nous accueille avec joie. Rob, sa femme et ses enfants sont d’une générosité et d’une gentillesse incroyable. Nous nous installons dans le salon, il nous offre des bières (enfin seulement à Romain et à Jez) et on regarde un concert sur la tv. Pas mal comme samedi après-midi non ?

Nous n’arrivons pas à croire que nous squattons la maison d’une famille américaine que nous ne connaissons absolument pas. L’auto-stop offre des rencontres totalement imprévues et qui sortent des sentiers battus.

Rob adore la cuisine française, il connait le coq au vin ainsi que d’autres plats. Nous lui expliquons alors qu’en Bretagne nous mangeons des galettes à la farine de blé noir. Ni une ni deux, sa femme part acheter du blé noir et il nous propose de préparer des galettes ensembles et de rester pour dîner ! Ouf je ne serai pas mis à contribution, pas de pizza à réchauffer à l’horizon…

Rob et Romain :

Les galettes :

Merci à Marmiton pour avoir sauvé Romain et Jez en donnant une recette de galette.

Si il y a des ratés c’est normal…

A partir des galettes, Rob concocte un petit menu qui est simplement délicieux :

On reconnait l’expert qui a su marier les différents ingrédients et différentes saveurs. Romain et Jez dîneront en compagnie de toute la famille pour un moment inoubliable. Un immense merci à Rob et sa famille pour ce moment.

Rob ira ensuite nous déposer à Greensboro, une ville où nous pourrons passer la nuit avant de ré-attaquer le stop le lendemain. Il restera 6 jours pour arriver à Miami.

Si la pluie s’arrête, si les américains continuent d’être aussi serviables, si je ne me transforme pas en carton mouillé, l’affaire semble jouable !

A suivre…

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