Huayna Potosi : Je l’aurai un jour, je l’aurai !

Lundi 10 février, je (Jez) pars de La Paz pour partir à l’assaut du Huayna Potosi, sommet situé non loin de la capitale bolivienne et culminant à 6088 mètres.

J’ai réservé auprès de l’agence Huayna Potosi, pas la moins chère, mais réputée sérieuse. N’ayant jamais chaussé de crampons ni utilisé de piolet, je préfère mettre un peu plus cher et avoir mes chances de revenir en un seul morceau. Il est possible de faire l’ascension en 2 ou 3 jours. J’ai choisi l’option 3 jours, la première journée étant simplement faîte pour s’entraîner avec l’équipement, en tant que néophyte c’est la seule solution envisageable. Il me faudra débourser 1050 Bolivianos, soit environ 113 euros.

Cette somme comprend les repas, le guide, l’hébergement, le prêt de l’équipement. Il me reste en gros à prévoir de l’eau et des snacks.

Le rendez-vous est fixé à 9 heures devant l’agence. C’est là que je vais rencontrer mes futurs compagnons de galère. John, un suédois retraité en voyage depuis 13 ans ! Bernard, un néerlandais et Daniel, un suisse.

Notre premier arrêt se fera au dépôt de l’agence pour essayer et emmener notre équipement. Casque, pantalon, gants, chaussures, crampons, harnais… tout y passe, de quoi faire monter un peu la pression pour moi qui n’avait même jamais enfilé des chaussures de ski.

Ensuite, notre bus va nous déposer au refuge, situé à 4700 mètres. Nous y prendrons le déjeuner avant d’aller faire la session d’entraînement. Le refuge est plutôt confortable même s’il y fait un peu froid, la nourriture est bonne, nous avons droit à une soupe suivie d’un plat principal. L’agence que j’ai choisie dispose de son propre refuge, cela fait partie de ses arguments, alors que d’autres agences doivent se partager les refuges.

Après avoir pris des forces, nous partons donc pour la session d’entrainement. Nous marchons environ une heure dans le brouillard avec notre équipement dans le sac à dos.

Ensuite, il est temps de s’équiper, les choses sérieuses vont commencer.

Nous allons apprendre à marcher avec les chaussures à crampons et le piolet en fonction de la pente de la montagne. Cela permet de se rendre compte qu’on peut braver des pentes assez impressionnantes grâce à ce bel équipement.

Ensuite nous aurons droit à quelques explications supplémentaires avant d’affronter le mur de glace.

Bon, c’est juste pour le fun, on aura pas ce genre de difficulté a affronter durant l’ascension, et heureusement.

Heureusement aussi que nous sommes assistés, car sinon j’aurai fait une jolie chute.

Nous sommes quasiment à 5000 mètres d’altitude, du coup, chaque coup de piolet demande un effort conséquent. Les avants-bras brûlent, le mur est plus que vertical sur la fin, je n’arrive pas à trouver assez d’appuis avec les chaussures… je me vois donc contraint d’abandonner un peu avant le haut du mur. Quoiqu’il en soit, l’expérience est assez impressionnante.

Au retour, la vue est toujours aussi dégagée, espérons que ça s’améliore pour les jours suivants.

Nous rentrons donc ensuite au refuge. Nous y passerons la nuit, y prendrons dîner, petit déjeuner et déjeuner avant de partir pour le camp de base le lendemain.

Le refuge du camp de base est située à 5300 mètres. Il nous faudra grimper pendant 3 heures avec nos sacs à dos pour le rejoindre. Malheureusement, John ne se sent pas très bien et décide de ne pas venir avec nous. Entre temps, nous avons été rejoint par Yohann, un français donc, qui fait lui le programme en 2 jours. Il va donc venir avec nous jusqu’au camp de base.

Encore une fois, la vue n’est pas super dégagée même si de temps en temps, on a un peu de visibilité.

Au niveau physique, tout le monde semble tenir le coup, j’ai un peu de mal a suivre le rythme, je ne souffre pas vraiment du mal des montagnes, mais je m’essouffle très très vite. En plus il s’agit d’escalade sur des pierriers, ce qui avec le sac chargé avec tout l’équipement n’est pas des plus reposant. Néanmoins, je ne vais pas éprouver de grosse difficultés a rallier le camp de base, je vais juste arriver 2 minutes après mes camarades.

Le refuge ici est beaucoup plus basique, forcément il n’est pas accessible en voiture.

En fin d’après midi, les guides nous demandent de jeter un œil dehors. La vue s’est dégagée et le paysage qui s’offre a nous est magnifique.

Nous mangerons ensuite un dîner assez light avec une soupe et des pâtes. C’est qu’à cette altitude les estomacs fonctionnent au ralenti et il ne vaut mieux pas se goinfrer. Nous avons également des feuilles de coca a disposition pour nous faire du thé.

Le réveil est prévu vers 0h30, du coup nous nous couchons vers 18 heures. Bernard est un peu malade a cause de l’altitude, mais il a de quoi se soigner. Le reste des troupes semble être dans une forme acceptable.

Il est difficile de trouver le sommeil a une telle altitude, pour ma part j’ai tendance a me réveiller dès que je m’endors avec la sensation de manquer d’oxygène, ce n’est pas des plus agréable.

C’est donc après avoir plus ou moins dormi quelques heures que nous nous levons. Les choses sérieuses commencent ! Il a neigé durant la nuit, il n’est du coup pas sûr que nous puissions rallier le sommet. Forcément c’est une demi-surprise car le mois de février n’est pas la bonne période. Les températures sont moins froides, mais comme c’est la saison des pluies, il neige beaucoup.

Nous sommes cette fois encordés, 2 personnes avec un guide. Pour des raisons pratiques, je suis encordé avec Yohann parce que nous parlons la même langue. J’emporte avec moi de l’eau, du chocolat, des raisins secs et une boisson énergisante. Je n’ai pu manger qu’un tout petit bout de chocolat avant de partir, mon estomac d’habitude si gourmand n’est pas dans les meilleures dispositions pour ingérer de la nourriture.

L’ascension est censée durer environ 6 heures, nous devons arriver là haut pour le lever de soleil. Comme la veille, je vais vraiment être gêné au niveau du souffle et du rythme cardiaque, je respire comme un buffle et mon cœur doit être continuellement au dessus des 150 pulsations, ça fait une bonne séance de cardio. Lorsque j’essaie de ralentir un peu l’allure pour ne pas faire d’arrêt cardiaque, le guide a toujours la bonne idée de tirer sur la corde pour me faire avancer, quel gros con !

Par moments, nous suivons d’autres groupes et nous avançons très légèrement moins vite et cela va tout de suite beaucoup mieux pour moi. Malheureusement la plupart du temps, je dois subir le rythme de notre guide qui ne tient pas du tout compte de ma condition.

Nous faisons de brèves pauses de temps en temps, de quoi récupérer un peu mon souffle et constater que je suis le seul à avoir ces soucis. Les autres ont un peu mal à la tête par exemple, mais tout le monde semble être globalement plutôt en forme.

Etant inapte à manger, je me contente de quelques gorgées de boisson énergétique. Au bout d’un moment, les guides nous proposent des feuilles de coca à infuser directement dans la bouche, entre les dents et la joue. Je tente le coup, c’est censé aider pour l’altitude. Malheureusement, cela perturbe un peu plus ma respiration et je vais même en arriver à vomir quinze minutes plus tard.

Globalement, le parcours n’est pas très technique, il y a seulement un passage un peu pentu qui demande de se plaquer contre la paroi et d’utiliser le piolet.

Vers 5 heures, nous sommes à 5900 mètres. Le sommet n’est plus très loin, mais les guides ne semblent pas très confiants sur la possibilité de l’atteindre aujourd’hui. Il est pourtant là, entrain de nous narguer.

Nous sommes en tout une vingtaine de personnes. Certains groupes partent en éclaireurs, mais reviendront dans les 2 minutes. Il a trop neigé et nous ne seront pas autorisés à aller plus loin parce qu’il y a une crête à passer et que c’est trop dangereux dans ces conditions. C’est assez frustrant sur le moment.

Les guides, eux, sont pressés de redescendre mais nous demandons à attendre pour voir le lever de soleil. Et on a bien fait car c’est vraiment magnifique :

C’est même très impressionnant. C’est tout blanc de partout et petit à petit on découvre ce qu’on vient de gravir dans le noir.

On se sent vraiment insignifiant dans cette immensité.

Ensuite, nous attaquons la redescente. Au début c’est magique, même si la fatigue physique commence à se faire ressentir car je suis toujours incapable de manger.

Voilà le passage un peu plus technique vu d’en haut. Mais ce n’est a priori rien par rapport à la crête que nous n’avons pas pu traverser.

Dans notre champ de vision, on voit quand même des jolies crevasses, heureusement que les guides connaissent le chemin.

La descente jusqu’au camp de base est vraiment un bon moment. La suite est beaucoup plus pénible, surtout pour moi. Nous devons reprendre nos sacs à dos et enlever nos crampons. Je vais passer mon temps à me casser la figure ce qui va être fatiguant moralement en plus de l’être physiquement (c’est qu’il faut se relever avec le sac à dos)… et je commence vraiment à me sentir faible.

Comme il a neigé pendant la nuit, le pierrier est une vraie galère à redescendre. Les guides nous pressent, je suis le plus lent du groupe… je n’en peux plus.

J’arrive donc péniblement au premier refuge en ayant la sensation d’être une batterie totalement déchargée. Après 2 heures là bas, nous aurons droit au déjeuner (on se demande bien pourquoi les guides nous ont autant pressés dans la descente). La bonne nouvelle, c’est que comme nous sommes repassés sous les 5000 mètres, je peux manger normalement et donc reprendre des forces.

Nous sommes ensuite ramenés à La Paz en début d’après-midi. J’ai un bus de nuit le soir même pour rejoindre Romain à Sucre, je devrais bien dormir.

En aucun cas, je ne regrette d’avoir tenté cette expérience. Outre la frustration de ne pas avoir pu aller jusqu’au sommet (mais personne n’a pu y aller pendant 2 semaines d’après les échos que j’ai eu), j’ai été déçu par le guide qui a mes yeux ne s’est pas bien comporté et m’a rendue l’ascension plus pénible.

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