Fitz Roy & Perito Moreno, l’age de glace

Jeudi 20 mars, nous quittons Bariloche en direction d’El Chalten. Le trajet de 24 heures qui s’annonce nous a été vendu comme étant du pur bonheur : route défoncée, bus pas terrible, repas très light… la totale !

La compagnie de bus s’appelle Marga et est la seule à proposer des trajets directs (par la Route 40) entre Bariloche et El Chalten. Le prix est de 1230 pesos, soit environ 100€.

Jez et Clara en tant qu’adorateurs des trajets en bus sont aux anges par contre Romain flippe beaucoup plus notamment à cause de son bras qui le fait souffrir. Le bus n’est pas tout confort (même pas semi-cama) mais nous avons vu pire en Chine. Par contre niveau nourriture, ils ont assuré :

Le trajet ne sera pas si catastrophique, la route ayant été en partie refaite récemment. Au programme : Django Unchained, dodo, mp3, rêvasser en regardant par la fenêtre et surtout se faire chier. Classique !

En arrivant sur El Chalten, les paysages changent et deviennent vraiment sympathiques à regarder.

Les paysages s’annoncent magnifiques mais le climat assez rude : vents violents et pluies seront sûrement de la partie.

Nous arrivons vers 20 heures à El Chalten et découvrons ce qui s’apparente à un taudis, c’est-à-dire, notre auberge :

L’auberge Comarca fait pâle figure de l’extérieur, mais l’intérieur n’est finalement pas si mal, Valérie Damidot serait la bienvenue. Le village d’El Chalten compte environ 600 âmes en hiver et plus de 3 000 l’été, vous aurez compris que l’activité principale est touristique. Le village est à l’image de notre auberge, des maisons qui ne ressemblent à rien. L’intérêt principal de cet endroit sont les randonnées que l’on peut faire à proximité et notamment le célèbre Fitz Roy.

Affamés par ce trajet en bus, nous nous jetons sur la première parilla (restaurant à viande) du coin, la bien nommée Como Vaca :

La viande est délicieuse, les portions conséquentes quoique le tout est un peu cher (plus de 110 pesos / personne pour viande + frites). Par contre Jez doit jouer le rôle d’aide ménagère car il traîne un handicapé avec lui. Le découpage de viande ça le connait désormais :

Clara se régale et gère comme une pro, elle viendra également en aide à Romain, c’est qu’ils ne sont pas trop de deux.

Samedi matin, nous nous levons aux aurores pour aller faire la randonnée de la Laguna Torre. Un parcours qui s’annonce magnifique mais avec un temps réputé souvent capricieux. Le début se passe très bien et nous prenons vite de la hauteur :

L’état des troupes est au beau fixe, tout comme le temps. Nous gambadons gaiement dans les vertes vallées.

La randonnée fait 6 heures aller-retour et nous avons emmené nos petits sandwichs que nous dégusterons une fois arrivés à la Lagune Torre qui se situe au bout du chemin. Nous en profitons pour faire quelques pauses photo et quelques pauses tout court d’ailleurs :

Mais des gouttes de pluie commencent à faire leur apparition et les nuages recouvrent bientôt tout le paysage. Pas sûrs que nous puissions admirer la grandeur des lieux dans leur intégralité :

C’est plutôt brumeux, un écossais ne renierait pas ce climat. Nous nous fierons donc aux indications du panneau pour prendre conscience des sommets qui nous entourent :

Malgré tout, avec ces couleurs automnales, les paysages restent splendides.

C’est complètement trempés et sous un vrai déluge que nous arriverons à la Laguna Torre, ça sent les sandwichs à l’eau. On aurait su, on aurait amené le whisky :

Nous sommes au pays du glaçon, il y en a partout, et nous sommes excités comme des gamins à l’idée de voir ces sortes d’iceberg. On savait qu’il faisait froid en Patagonie mais nous ne pensions pas en voir ici.

C’est nettement moins drôle pour la pause déjeuner qui s’annonce car il pleut averse et ça caille sec. Les sandwichs sont faits à l’arrache en deux-deux et avalés tant bien que mal. L’occasion d’un bon fou rire à défaut d’un bon repas :

On garde le smile et on dirait même que Jez prend du plaisir :

Le retour se fera, toujours sous une pluie battante, à grandes enjambées. Nous ne perdrons pas une seconde. Gentilhomme, le propriétaire de l’auberge nous proposera de sécher nos vêtements qui sont dégoulinants. Certainement une manière également qu’on ne lui pourrisse pas son auberge.

Dans la soirée nous irons prendre la « cena », dîner en espagnol :

Le lendemain matin, soit dimanche si vous avez suivi, annonce une journée compliquée pour Clara. La pauvre se réveille avec des boutons qui la font encore plus souffrir qu’hier, un mal inexpliqué :

A la différence d’hier, le temps s’annonce radieux :

Ça tombe bien car nous allons visiter la star de la région, le Fitz Roy. Ce pic granitique, quasiment impossible à escalader, est situé dans un écrin de neige et de glace. La rando fait 8 heures aller-retour depuis le village d’El Chalten mais l’ascension finale est digne de l’Alpe d’Huez. Nous ne mettons pas toutes les chances de notre côté en faisant nos boulets dès le matin. Nous n’avons pas pensé à acheter le ravitaillement la veille et les magasins n’ouvrent qu’à 10 heures. Du coup, nous faisons le pied de grue et pensons que nous allons devoir rentrer avec la nuit, pas très fute-fute une fois de plus.

Les premiers lacets nous mettent en jambes et nous font découvrir une vallée majestueuse :

Il y a du monde sur la rando, notamment pas mal d’argentins, on sent que c’est dimanche et qu’il fait beau.

Piqueur, le pivert, s’en donne à cœur joie. Lui et ses copains sont nombreux à forer les arbres, ils ne connaissent pas la trêve dominicale.

Puis, à la sortie de la forêt, le spectacle devient grandiose, le Fitz Roy se révèle à nous.

Nous pouvons également observer le sommet qui nous a échappé hier :

Vous vous doutez bien que devant tant de beauté, nous prenons la pose et décidons de pique-niquer ici.

Par contre Clara se les caille ou adopte un camouflage anti-condors :

Plutôt sympa de marcher dans cet environnement, n’est-ce-pas ?

Nous continuons ensuite notre approche du géant des glaces, le sentier n’est en général pas très difficile.

Cette vallée pourrait nous faire penser à l’Ecosse ou à l’Irlande. Attention aux figures…

Une forêt de « Ents » se cacherait-elle au pied du massif ?

Nous attaquons ensuite les choses sérieuses avec une série de lacets qui montent pleine balle dans la montagne. Cool, un col hors catégorie pour se dégourdir les pattes !

D’un seul coup, il fait nettement plus chaud et la montée nous fait suer. Nous espérons que la récompense au sommet sera digne d’intérêt. A mi-parcours :

Clara a souffert mais elle s’est accrochée, elle forge son mental de guerrière. Une fois en haut, nous avons une vue imprenable sur le Fitz Roy, quel spectacle !

Ici, c’est encore l’age de glace.

Nous avons la bonne surprise d’avoir un compagnon de jeu pour oublier nos durs efforts :

Nous en prenons plein les yeux :

Jez, en tant que grand professionnel, pense toujours à ses petits collègues et à son travail chéri :

Nous avons dû nous aider des mains (et des pieds, cela va sans dire) pour grimper, la descente s’annonce à risques, surtout que des ruisseaux coulent sur le chemin. Romain essaie de ne pas se casser la deuxième main :

Pendant que Jez fait la descente avec les mains sur le guidon, ce n’est pas sa spécialité :

Sur le chemin du retour, nous croisons Yves et Virginie que nous avions rencontré à San Pedro de Atacama chez Brigitte il y a un mois de cela. Le temps était bien différent, il faut dire que nous sommes désormais à plus de 4 000 km de San Pedro. Nous apprenons qu’il vont à Torres del Paine ensuite, nos routes risquent bien de se recroiser…

Puis, nous nous offrons une pause à la Lagune Capri, c’est (presque) fini :

Suite à la descente vertigineuse, Clara commence à souffrir sérieusement du genou. Nous disons que nous ne voyons pas le rapport mais elle insiste. Ça s’annonce de mauvais augure pour la suite…

Un peu à la bourre sur le timing nous rentrons avec le crépuscule.

Clara finit dans la souffrance mais nous sommes tous ravis par ce que nous avons vu aujourd’hui, c’était tout simplement grandiose !

Nous avons une nouvelle fois besoin de notre dose de protéines et retournons dans notre restau favori. Jez est insouciant et fait mumuse avec le pingouin en narguant Romain sur le fait que ces animaux auront disparu quand nous arriverons à Punta Arenas…

Nous avons eu le malheur de commander pendant le « classico » (célèbre match de foot opposant Barcelone au Real de Madrid) ce qui fait que le service sera raté ainsi que la viande. Déception.

Nous pourrons néanmoins apprécier les connaissances footbalistiques de Clara, elle a largement le niveau pour voyager avec 2 mecs. Consolation de la soirée, un coucher de soleil sympa :

Lundi 24 mars, nous partons dans la matinée vers El Calafate, situé à environ 3 heures de bus. Le trajet est une nouvelle occasion d’observer de très jolis paysages, ça change du RER B dans le 93.

Nous sommes d’ailleurs bien loin de Paris :

El Calafate, ville d’environ 20 000 habitants, est sans intérêt fondamental si ce n’est que le célèbre glacier Perito Moreno est situé à environ 80 km de celle-ci. Nous passerons le reste de la journée à nous renseigner dessus et à mettre à jour nos blogs respectifs. Les restaurants étant de plus en plus chers, nous nous adaptons et décidons de nous mettre à cuisiner de plus en plus. Romain l’a joué finement en se cassant la main, il est dispensé de corvée. Clara nous préparera de délicieuses pâtes, elle va pouvoir se reconvertir cuistot en rentrant en France :

Pour nous rendre au Perito Moreno, nous avons décidé de louer les services d’un taxi, c’est à peine plus cher que le bus et on y sera avant tout le monde. Le départ est donné à 7 heures et nous serons finalement 4, Julianne une allemande de 20 ans sera de la partie. Nous assistons au lever de soleil sur le lac qui borde El Calafate :

L’entrée du Perito Moreno est fixée à 130 pesos (ce qui est très cher) et le taxi nous coûte 700 pesos à 4 ce qui en fait une expédition particulièrement onéreuse, nous espérons que le spectacle sera à la hauteur de nos espérances.

Le Perito Moreno est mondialement connu car c’est un des rares glacier qui avance (d’environ 2m par jour) et d’énormes morceaux de glace s’en détachent en permanence. Les dimensions du monstre sont impressionnantes : 60 mètres de hauteur émergée, 5 kilomètres de large, 30 kilomètres de long pour 250 km². Plus de deux fois plus grand que Paris !

Il fait également partie d’un réseau de 48 glaciers tous reliés entre eux, nous en découvrirons une autre partie en visitant Torres del Paine.

A plusieurs kilomètres de distance du glacier, nous pouvons admirer son incroyable dimension :

Le bateau, qui fait pourtant plusieurs mètres de haut, semble ridiculement petit.

Le taxi nous dépose ensuite au pied du glacier et nous allons arpenter pendant 3 heures les passerelles qui nous permettent de contempler le Perito Moreno sous divers angles.

Vous vous doutez bien que ça mitraille de tous les côtés. Nous sommes à l’affût du moindre morceau de glace qui se détacherait et tomberait dans l’eau. Nous voulons du sensationnel et des gros ploufs !

Les morceaux qui tombent sont riquiquis, nous avons l’impression d’être tombés un mauvais jour. Le spectacle reste quand même magnifique :

Sur la photo ci-dessous, vous pouvez voir une onde circulaire ce qui signifie que le photographe s’est réveillé trop tard pour saisir l’instant clé :

Tant pis, on réessaiera…

Un dauphin de glace… et là vous vous demandez sûrement ce que nous voyons au test du papillon de Rorschach.

Le Perito Moreno dans toute sa splendeur :

Julianne prend la pose avec nous :

Tout le monde à le sourire, mais attention, danger ! Ce monstre de glace n’est pas si inoffensif que ça et les personnes qui s’approchent trop près s’exposent à de gros problèmes.

On nous apprend qu’il y a quand même eu 32 morts en 20 ans. On aimerait avoir des statistiques plus récentes, s’il vous plait.

Quelques photos pour finir :

Arf mince, je l’aurai un jour, je l’aurai ce morceau de glace. Toujours trop tard mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. A notre décharge, les morceaux qui tombent aujourd’hui sont minuscules et il faut signaler que nous entendons le bruit une fois que c’est trop tard.

Au bout de 3 heures passées sur ces magnifiques passerelles :

Nous retrouvons le taxi et rentrons à El Calafate. Clara souffre toujours beaucoup du genou et ça n’augure rien de bon pour ce qui s’annonce, c’est-à-dire une des randonnées des plus compliquées à Torres del Paine. Nous passerons donc le reste de la journée à larver à l’auberge.

Mercredi 26 mars, nous prenons le bus dans la matinée pour Puerto Natales. Un trajet de 5-6 heures où il ne faut pas oublier de manger ses bananes avant de franchir la frontière sinon gare à vous ! Nous avons également le plaisir de retomber sur Yves et Virginie.

Pour voir toutes les photos de cet article, cela se passe dans la galerie Argentine.

Et enfin, nous vous invitons également à lire les récits de Clara sur El Chalten et El Calafate.

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