Torres del Paine : towers of pain ou les tours de la peine
Mercredi 26 mars 2014, nous quittons El Calafate pour nous rendre à Puerto Natales d’où il faut partir pour se rendre à Torres del Paine.
Au programme, un énième passage de frontière… et comme nous allons au Chili, nous prendrons soin de manger nos bananes avant le poste frontière, on a ouï-dire que certains auraient payé 100$ d’amende pour avoir tenté de faire passer une banane en douce vers le Chili, ça ne plaisante pas :
Le poste frontière ne ressemble pas à grand chose :
Jez, très observateur, remarquera qu’il y a beaucoup de vent, ce qui ne l’empêchera pas de perdre la feuille destinée à l’immigration en descendant du bus. La feuille à d’ailleurs battu le record du 100m, mais le record n’a pas été homologué pour cause de vent trop favorable…
Après quelques heures, nous arrivons tous les 4 dans l’après-midi à Puerto Natales. Nous poserons nos valises à l’auberge Koten-Aike. Tous les 4 ? Oui, Romain, Jez, Clara et sa tablette.
Nous avons appris depuis que nous voyageons ensemble à cohabiter avec Clara et sa tablette !
Puerto Natales est une ville qui envoie du rêve…
… mais c’est de toute façon le point de départ obligatoire pour aller faire le trek à Torres del Paine. C’est ici que nous pourrons louer tout le matériel nécessaire pour pouvoir se lancer dans 4 jours de rando.
Pour aujourd’hui le programme consiste surtout à manger. On commence à El Living, restaurant végétarien presque diététique, fait assez rare pour le préciser.
Le sandwich de Romain était équilibré avant qu’il ne le bombarde de mayo !
Une heure plus tard nous retrouvons Yves et Virginie, un couple de normands rencontrés à Atacama et au Fitz-Roy, pour aller dîner au Baguales. Au programme, bière maison et assiettes de 1kg de frites, ça change un peu d’ambiance.
Le lendemain, c’est la grosse journée de préparatifs. Au programme : location du matos, réunion d’information, courses pour la bouffe, préparation des sacs…. pour se donner des forces on va aller déjeuner chez Carlito, tout près de l’auberge.
Quand on demande si les burgers sont gros, on nous signale qu’ils sont énormes, et c’est plutôt vrai :
Le ventre sur pattes qu’est Jez ne va même pas terminer totalement son burger, c’est dire !
Entre toutes nos activités plus passionnantes les unes que les autres, nous prenons des photos de la ville.
La vie nocturne ici semble extraordinaire, malheureusement ça sera sans nous, on se lève tôt demain.
Nous irons passer un peu plus d’une heure à l’auberge Erratik Rock qui propose des réunions d’information quotidienne à 15 heures. L’ambiance est studieuse.
Et lorsque la réunion se termine, Clara devient Super Mariole, on verra si elle fait autant la maligne durant le trek :
Ensuite, comme tout le monde, nous allons au Unimarc pour faire nos courses, un vrai casse tête de bien se rationner pour 4 jours.
Concernant la location du matériel, nous avons fait quelques agences avant de nous lancer. Voici quelques prix :
- Tente 3 places : 3 000 pesos / jour (un peu moins de 4€)
- Matelas : 500 pesos / matelas / jours (moins de 1€)
- Brûleur : 700 pesos / jour (1€)
- Set de cuisine : 1500 pesos / jour (2€)
Clara aura droit à des bâtons de marche gratis là où on a pris la cuisine car ils sont en mauvais état.
Une fois que nous avons tout ce qu’il nous faut, il reste à se répartir ça et à faire nos sacs en conséquence et ce n’est pas rien.
La journée complète n’aura pas été de trop pour les préparatifs, et lorsque nous sommes prêts, il est temps de se coucher.
28 mars, les choses sérieuses commencent. Nous arrivons à 7 heures au terminal de bus. Jez et Romain ont oublié le jambon et le fromage dans le frigo de l’auberge, les sandwichs vont être bien fadasses du coup… Jez remarquera également qu’il a oublié ses lunettes de soleil, y’a plus qu’a espérer qu’il pleuve. Tout de suite, on sent qu’on a affaire à des pros, des vrais !
Le premier arrêt se fait à la Laguna Amarga, histoire de prendre la température.
C’est surtout l’endroit où nous devons acheter les tickets d’entrée pour le parc. Nous nous délestons chacun de 18 000 pesos (pas loin de 25€). Le circuit le plus connu pour faire Torres del Paine est le « W ». Nous allons tenter de le faire en 4 jours et d’Ouest en Est. Du coup, nous devons remonter dans le bus car nous sommes à l’Est du parc. Nous devons nous rendre au Refugio Pudeto puis prendre un bateau vers le refugio Paine Grande.
Avant de prendre le bateau, nous nous faisons nos premiers casse-croûte sans jambon ni fromage, reste du succulent pâté :
Il va falloir s’habituer à ce régime car c’est ce que nous allons manger chaque midi.
Nous prenons ensuite le bateau, moyennant la coquette somme de 12 000 pesos pour 30 minutes de traversée.
A l’arrivée à Paine Grande, la première mission est de monter la tente. Ce camping fait partie des camping payants, et nous débourserons 4 800 pesos par personne.
Entre Clara qui n’a jamais monté une tente et Romain qui a son bras dans le plâtre, Jez n’est pas aidé. Le premier montage sera laborieux, mais on arrivera au résultat escompté :
Reste que l’heure tourne et que nous avons prévu de faire un aller-retour au Glacier Grey qui se situe à 11 km de là. Nous partons vers 13h30.
Les premiers pas nous permettent d’apprécier déjà de jolis paysages.
Clara souffre du genou depuis la descente du Fitz Roy. Du coup pour elle chaque pas est une épreuve et nous ne pouvons pas tenir une cadence très soutenue. Afin d’essayer de l’aider à surmonter la douleur, nous optons pour la médecine Russe :
Tout est question de dosage !
Un peu plus loin, nous verrons nos premiers glaçons :
Au bout de 2 heures de marche, nous atteignons le premier mirador (point de vue) sur le fameux glacier. Il s’étend à perte de vue, c’est très impressionnant.
Vu notre allure, se pose alors la question d’aller jusqu’au mirador suivant. Partis comme nous sommes, il sera difficile de rentrer de jour. Malgré la douleur, Clara est très motivée, nous poursuivons donc…
Nous mettrons 4 heures à arriver au mirador du Glacier Grey, le temps annoncé était de 3 heures et 30 minutes.
Il ne fait pas super beau, mais on voit quand même bien l’immense glacier. Là haut nous retrouvons Yves et Virginie qui eux font le « W » en 5 jours et qui restent donc camper là haut.
Malheureusement pour nous, le retour s’annonce des plus pénibles, surtout pour Clara. Nous aurons quand même droit à des jolies couleurs liées au coucher du soleil.
Alors que la nuit est tombée, il nous reste encore une bonne heure de marche. Par miracle, nous avons pensé à prendre nos frontales bien que nous n’en possédons que 2 pour 3… Romain qui marchait en tête va réussir à faire flipper tout le monde lorsqu’il va se retrouver face à ce qui est probablement une moufette. Au final l’animal est plutôt apeuré, ça nous évite des ennuis supplémentaires, on espère juste que la prochaine rencontre ne sera pas un puma !
Nous arrivons finalement sains et saufs vers 21h45. Nous sommes ravis de savoir que nous allons pouvoir nous faire chauffer des pâtes et manger chaud… sauf que le refuge où il est autorisé de cuisiner ferme à 22 heures… bon et bien ça sera sandwich-pâté dans le froid :
Après ce succulent dîner, nous allons tester la tente. On va vite se rendre compte que ce n’est pas l’endroit le plus spacieux qu’on ait connu. On a vraiment à peine la place pour dormir à 3, sachant en plus qu’on garde nos sacs à l’intérieur.
Clara et Romain vont pas mal souffrir du froid pendant la nuit, c’est vrai qu’on est un peu limite niveau équipement, notamment nos sacs de couchage qui ne sont pas prévus pour le grand froid.
Le lendemain matin, nous prenons le temps de nous faire un vrai petit déjeuner, comme à la maison, ou presque…
Nous devons marcher avec nos sacs jusqu’au camping italien (gratuit), et ensuite aller faire un tour dans la vallée française. On y va avec le sourire, d’autant plus qu’il fait beau :
Clara est toujours à la peine, mais elle s’accroche, ça va se jouer au mental.
Il faut dire que marcher dans un tel cadre aide à s’accrocher, la vodka aussi.
Nous arriverons vers 13h30 au camp italien. Seul problème, pour faire la vallée française nous devons partir avant 14 heures, c’est en tout cas ce qui est indiqué sur le panneau à l’entrée du camp. Du coup ça va être un peu la course pour monter la tente et manger. Romain s’occupe des pâtes pendant que Jez et Clara montent la tente.
Clara a prévu de ne pas faire la vallée française, réputée difficile, et de rester au camp à reprendre des forces.
Jez et Romain partirons juste dans les délais pour espérer arriver jusqu’au mirador.
Le parcours n’est pas hyper bien balisé et un peu difficile, mais le cadre est vraiment magnifique. Le premier mirador offre d’ailleurs un point de vue assez dingue. En contrebas un lac, de la verdure, des petites montagnes :
Et devant nous, c’est assez différent, on a plus l’impression d’être en haute montagne :
Le sentier passe principalement à travers de la forêt, on est vraiment entourés par tous types de paysages.
Nous continuons notre route vers le mirador des britanniques (il y en a vraiment pour tout le monde), toujours subjugués par les paysages qui nous entourent.
Malheureusement, la dernière partie du sentier est fermée, c’est gentil d’avoir prévenu… c’est là qu’on apprécie de lâcher 18 000 pesos à l’entrée. Tant pis, et en plus il fait moins beau là haut… on immortalise quand même notre passage :
Romain est sûrement une des rares personnes à être arrivée jusqu’ici avec un bras dans le plâtre.
Au retour, nous serons témoins d’une avalanche :
Evidemment, c’est beaucoup plus impressionnant en vrai, surtout vu le son que ça produit.
De retour au camp, nous recroisons nos amis normands. Ils sont un peu moqueurs de notre installation :
Les souris sévissent ici, et nous devons à tout prix protéger la nourriture. Après quelques ajustements, nous avons trouvé une solution qui nous semble plus stable :
Bon allez, il faut dormir car la journée qui nous attends le lendemain n’est pas une sinécure !
Le 30 mars, nous nous levons avant le soleil. En effet, le programme est chargé. Nous devons parcourir une vingtaine de kilomètres avec nos sacs à dos. Vu que Clara ne peut pas marcher très vite, nous partons au lever du soleil afin de se donner un peu de marge.
Le froid a encore fait souffrir Romain et Clara, du coup ça sera tournée générale de vodka en guise de petit dej’, et même vodka-pomme pour Clara :
Si le réveil a été difficile, nous ne regrettons pas notre choix, nous sommes les premiers sur le chemin et nous serons relativement seuls dans des paysages idylliques :
Et lorsque les premiers rayons du soleil se montrerons, le spectacle qui s’offre à nous n’en sera que sublimé :
Difficile de ne pas s’arrêter et de rester scotché…
Alors qu’on craignait des jours de pluie qui auraient pu rendre l’expérience assez pénible, nous sommes plutôt vernis par la météo, particulièrement en ce jour.
Il y a quand même un peu de vent, mais on est loin du cauchemar qu’on imaginait. Comme le parcours n’est pas trop méchant, nous avançons à un bon rythme, mais Clara laissera quand même échapper quelques jurons dans les montées un peu physiques.
Avant d’attaquer la partie montante qui va nous mener au pied des fameux Torres, nous prenons une pause déjeuner bien méritée. On commence a vraiment apprécier le pâté en tube…
Puis nous attaquons la dernière vallée.
Encore une fois, difficile de regretter d’être venus quand on a le bonheur de marcher dans un tel environnement. Il faut quand même faire attention aux vieilles rockstars :
Et aussi regarder où l’on met les pieds, car la chute pourrait être fatale :
Un peu plus loin, nous verrons pour la première fois les Torres :
Ouais, bon, c’est 3 blocs de granit quoi.
Peu après, nous rentrerons officiellement dans le parc :
Ah, et on était où avant ?
La dernière partie est un peu physique, mais Clara s’accroche, nous n’arriverons finalement pas si tard au campement.
Nous y serons un peu avant 17 heures. Si bien que Jez se demande s’il ne va pas aller voir les Torres dès ce soir. Il faut compter environ une heure depuis le camping Las Torres pour arriver au mirador, mais la pente est très raide sur cette partie.
A la surprise générale, Clara décide d’y aller avec Jez, elle ne sait pas ménager ses efforts. Romain se réserve lui pour le lever de soleil, réputé exceptionnel. La montée se fera dans le temps imparti, et nous arriverons donc là haut avant la nuit.
Là haut, il n’y a pas grand monde, mais un allemand avec qui Clara a sympathisé est là. Et il nous offrira une gorgée de whisky 15 ans d’age qu’il sort pour les grandes occasions… ça change de la vodka premier prix et ce n’est pas pour nous déplaire.
La descente sera par contre beaucoup plus laborieuse pour la pauvre Clara, il faut dire que le chemin n’en est pas toujours un :
Le plat de pâtes au ketchup du soir sera donc cuisiné de nuit :
Clara va hésiter longuement avant de savoir si elle retourne là haut pour le lever de soleil. Après un grand débat très argumenté, elle décide de dire « je reste ». On la reverra donc demain.
Le lendemain d’ailleurs, le réveil va sonner à 5h45. C’est un peu dur, mais il faut bien arriver là haut avant le soleil sinon ce n’est pas la peine. Romain et Clara bien que dormant tout habillés dans leurs sacs de couchage vont encore une fois bien souffrir du froid, Jez ne comprend pas…
Nous montons donc à la frontale sur des chemins pas franchement faciles. Clara est au bord de la rupture physique et mentale… Romain part devant car il n’a pas encore vu les Torres de ses yeux et a tout misé sur ce lever de soleil. Jez va motiver Clara pour qu’elle aille jusqu’au bout, il paraît inconcevable d’abandonner si près du but.
Tout le monde arrivera là haut, Romain s’étant planté de chemin, il aura même un meilleur point de vue, mais il a pris des risques à grimper sur des pierriers avec une seule main, Clara n’est pas la seule personne inconsciente de la troupe !
Chuuut, place au spectacle :
Les rayons du soleil ne donnent pas encore sur les Torres qui arborent un bel habit rouge en attendant :
Puis, petit à petit, l’intensité de la lumière augmente…
… jusqu’à toucher les Torres de plein fouet :
Le passage du rouge au jaune se fait en quelques minutes, mais quel spectacle, inoubliable !
Nous avons été chanceux, car quelques minutes plus tard, le ciel va se couvrir et les tours vont maintenant paraître bien ternes :
C’est peut-être un signal pour nous dire qu’il est temps de redescendre. Nous devons en effet aller plier la tente, reprendre les sacs et sortir du parc. Cette apothéose nous a donné le sourire :
Nous devons donc rebrousser chemin, dans la superbe vallée de la veille :
La descente sera hyper pénible pour Clara. La pause déjeuner sera l’occasion de remercier son anti-douleur préféré :
Vers 15 heures, nous sortirons officiellement du parc, satisfaits d’avoir fait le « W » en 4 jours malgré la présence de 2 personnes handicapées dans les troupes.
Depuis l’hôtel Las Torres devant lequel nous nous trouvons, il reste 7 km à parcourir. Nous les ferons tranquillement car le bus retour n’est qu’à 19h30. Il est possible de faire cette partie en bus pour les moins radins. A noter qu’il y a des bus à 14h30 et 19h30 jusqu’au 30 mars, c’est à dire aujourd’hui ! Le bus de 19h30 est ensuite supprimé car c’est la fin de la haute saison.
Nous sommes tous bien fatigués, nous ne sommes plus que l’ombre de nous mêmes…
On fera une dernière photo une fois arrivée au bout du bout :
Certains semblent loin de ce qu’on a enduré ces derniers jours :
Nous sommes contents d’avoir pu faire tout ce qui avait été prévu, et nous tenons à féliciter Clara pour qui ce trek aura été une lutte de tous les instants, il lui aura fallu un mental d’acier pour parcourir plus de 60 km en 4 jours avec un genou en vrac. Au final ça restera une superbe expérience, et pas seulement pour le lever de soleil sur les Torres, le paysage est superbe sur tout le trajet.
En attendant la navette, nous ne sommes plus très énergiques…
Le soir, douche et mangeage du jambon et du fromage oubliés dans le frigo avant d’aller passer une nuit dans un vrai lit, au chaud !
Mardi 1er avril, nous irons nous prendre un bon gros burger chez Carlito, c’est fini le rationnement. Romain compte bien montrer au maxi-burger qui c’est le plus fort :
Puis il est temps pour nous de continuer notre route vers le sud, direction Punta Arenas où Clara a un vol dans 2 jours. Nous, nous essaierons d’aller voir les manchots.
Encore plus de photos dans la galerie Torres del Paine, catégorie Chili.
Comme nous n’avons pas la prétention d’être complets, nous vous proposons en lecture complémentaire les articles sur le blog de Clara ainsi que sur celui de Virginie et Yves dont les récits respectifs ne manquent pas d’intérêt et d’humour.